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L'amitié est une âme en deux corps [Louise]

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
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L'amitié est une âme en deux corps



Qu'y avait-il de plus libre et pourtant de plus dépendant, qu'une feuille offerte au vent ? Détachée de son arbre elle pouvait voler, tournoyer, virevolter à son gré et pourtant, elle n'était que l'esclave des zéphyrs capricieux lui dictant sa course autant que sa danse.
Souvent, c'était la comparaison qui traversait l'esprit d'Angélique lorsqu'elle les observait dans leur chute. Elle était telle ces feuilles... Libre d'apparence et pourtant si dirigée... Si dictée... Elle était Princesse d'Orléans, descendante directe de l'illustre Roi Soleil ce qui faisait que le sang qui coulait dans ses veines lui apportait bien des privilèges. Des privilèges que bon nombre des jeunes filles lui enviaient, rêvant à la perfection de la vie de luxe et d'opulence qu'elle devait mener. Des rêves qui étaient réalité. Angélique n'avait jamais manqué de rien et toujours eu le meilleur de ce qui pouvait se faire. Son père y veillait. Il y veillait tellement, qu'il régentait chaque instant de sa vie d'aussi longtemps qu'elle était capable de faire remonter sa mémoire. Si il pensait certainement faire au mieux pour elle et le rendre digne du nom et du rang qu'étaient les leurs, il brimait atrocement la jeune femme qui étouffait sous son exigences perpétuelles... Elle aimait son père profondément et lui aussi, elle n'en doutait pas, mais jamais il ne la laissait libre de quoique ce soit, au point qu'Angélique n'était plus qu'une eau qui dormait sous un linceul de tristesse. Car sans être malheureuse, après tout elle avait toujours vécu ainsi, régentée par son père, elle n'était pas heureuse non plus. Elle s'étiolait telle une fleur offerte à un ciel sans soleil.

Perchée sur sa monture, elle la laissait avancer noblement au rythme de celle du Prince d'Orléans à travers Hyde Park, aussi droite et altière qu'on lui avait appris à l'être. De son sourire poli le plus sincère, elle saluait à son tour chaque passant qui en les croisant s'inclinait respectueusement en reconnaissance à leur titre princier. Si elle ne s'abusait, toute la bonne société semblait s'être donnée rendez-vous dans l'espace vert aujourd'hui, probablement séduite par la douceur de cette journée ensoleillée. Si quelques personnes demeuraient encore ignorantes de l'arrivée de sa famille à Londres, ce serait chose faite d'ici ce soir !
Angélique répondit à une nouvelle politesse, avant de tourner son visage vers son père qui semblait enfin les guider vers une des sorties du parc. Le chemin était vaste et en ligne droite, lui collant l'envie au ventre de lancer sa monture au galop ! Elle le voulait tellement ! Mais jamais son père ne l'aurait toléré. Ce n'était pas digne et surtout cela aurait desservit ses dessins de la journée. Voilà plusieurs heures qu'ils chevauchaient et bien qu'elle appréciait l'activité grandement, elle savait pertinemment que tout cela n'avait rien d'innocent.
Elle avait horreur de cette espèce de mascarade... Elle n'était pas naïve - contrairement à ce que beaucoup pensaient - et n'était pas dupe des intentions du Prince. Si son père avait décidé d'une promenade à travers la Capitale aujourd'hui, ce n'était pas parce qu'il avait soudain eu une irrépressible envie de balade à cheval en sa compagnie. Non, il voulait qu'on les voit ! Que Londres sache qu'ils étaient là et qu'ils feraient partie de cette Saison cette année encore !

Enfin rentrés à Burlinton House, Angélique mit pied à terre et prit le temps de caresser son cheval qu'elle embrassa sur le museau ; sa zone à gros bisous, comme elle aimait à l'appeler ! Elle lui donna son sucre, récompense habituelle, puis suivit le Prince Antoine à l'intérieur de la demeure où le majordome les accueilli un plateau d'argent à la main sur lequel reposait un billet. A son intention. Ce ne fut cela dit pas vers elle que le domestique s'avança, mais bel et bien vers son père qui décacheta le pli et l'ouvrit pour le lire.
Bien qu'il lui déplaisait, Angélique ne dit rien habituée à cet usage, attendant de voir si il estimait le courrier digne de son attention ou non. Il le lui tendit et elle s'empressa de le prendre afin d'en prendre connaissance à son tour. Elle fut incapable de réprimer son sourire lorsqu'elle avisa le nom signé au bas de la lettre : Louise. Louise lui rendrait visite en fin d'après midi !

- Allez vous changer.

La princesse plongea dans une révérence et prit congé du paternel afin d'aller troquer ses vêtements d'équitation pour une tenue de jour plus convenable. A la Cour de France, très exactement à celle du Prince d'Orléans, il y avait une tenue pour chaque occasion et pour chaque circonstance ! Il n'était pas rare que parfois elle doive se changer trois ou quatre fois dans une même journée... Un rituel qu'elle trouvait parfois superflu, mais auquel elle s'était résignée.
Une fois de plus.
Prête, Angélique passa les quelques heures suivantes aux côtés d'Antoine à recevoir quelques visiteurs de passage chez eux mais si elle paraissait d'un calme olympien à se réserver non loin de lui, elle comptait les minutes et surveillait leur avancement ! Chaque seconde écoulée la rapprochait un peu plus de ses retrouvailles avec Louise !

Lorsqu'elle fut autorisée enfin à disposer, elle s'excusa auprès de leurs hôtes puis au rythme de ses talons qui frappaient le marbre d'un pas contenu, elle le pressa finalement jusqu'au détour de couloir le plus proche auquel elle s'adossa dès lors qu'elle fut hors de vue de tous. Sa tête renversée contre le mur, Angélique expira profondément, comme si elle avait vécu en apnée toute la journée et qu'elle pouvait enfin respirer.
Enfin libérée de toute obligation pour la journée et toute à son futur instant avec sa meilleure amie, elle releva ses jupes et fila comme le vent jusqu'à ses appartements et plus exactement sa ménagerie, envoyant au diable la convenance exigeant qu'une princesse n'était pas supposée courir de la sorte à travers les dédales de sa demeure... Elle fut accueillie par les cris joyeux de ses perroquets qui se mirent à lui parler instantanément et auxquels elle répondit avec amusement. Radieuse de retrouver tous ses animaux qui étaient sa bouffée d'air constante, elle ouvrit l'immense cage afin de leur redonner quelques graines puis ramassa un de ses lapins qui tournait autour de ses pieds. Elle déposa un baiser sur sa tête avant de le rendre à ses congénères, puis alla trouver Orsino, son précieux petit singe !  

- Votre Altesse, Son Altesse la princesse de Riquet-Chimay.

Angélique revint vers la porte afin d'accueillir son amie, Orsino sur son épaule.

- Bonjour Louise. Bienvenue à Burlington House. J'espère que vous vous portez bien. Scarlett voudriez-vous nous faire préparer une collation je vous prie.

Sa femme de chambre, nommée par Son Altesse Antoine d'Orléans, évidemment, s'inclina et s'éclipsa par une porte dérobée de la pièce. Cette dernière à peine refermée, Angélique se débarrassa de son masque de convenances qu'elle était forcée d'arborer même devant sa propre domesticité qui rendait des comptes à son père et se précipita vers sa meilleure amie afin de la prendre dans ses bras.
Elle savoura l'étreinte de leurs retrouvailles, la gardant contre elle sans doute un peu trop longtemps mais elle n'en avait que faire. Louise lui avait manqué ! Et elle avait besoin de ça...

- Je suis tellement contente de te retrouver !

Et le mot était faible. Elle était si heureuse d'être enfin avec son amie d'enfance, qu'elle en avait presque les larmes aux yeux.


Louise de Riquet-ChimayMembre
Louise de Riquet-Chimay

 
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L'amitié est une âme en deux corps
23 mai 1826 - Après-midi



Voici maintenant 4 jours que le bal de la Reine avait eu lieu et le salon de la famille princière de Chimay n'avait pas désempli. Thérésia et moi n'avons pas manqué d'occupations entre les invitations auxquelles nous ne manquions pas de nous rendre, les rendez-vous chez la modiste où nous tâchions de faire preuve d'inventivité entre alliance de la dernière mode londonienne et de Chimay tout en se montrant toujours de bon goût afin d'être la plus mise en valeur possible. Ajoutez à cela les occupations sociales habituelles d'une jeune femme de la haute noblesse. Je manquais tout simplement de temps pour respirer ! Tout allait si vite, j'étais entourée de tant d'attentions que cela donnait le tournis. Sans parler du fait que je faisais une tonne de nouvelles rencontres chaque jour, des noms, des prénoms à retenir, des évènements importants de la vie de chacun à mémoriser, des passions (communes ou non) qui ne manqueraient pas si on s'en souvenait, d'avoir de délicates attentions. Sans compter que tout ceci se faisait dans une langue étrangère, ce qui avait le don de me filer des migraines épouvantables à la fin de la journée. La saison allait être longue ! Elle était à peine commencée que j'avais déjà hâte qu'elle se finisse ! J'étais censée chercher un mari mais tant de paramètres étaient à prendre en compte que j'en venais à me perdre moi-même. Enfin me perdre... tenons-nous le pour dit, je gardais bien en tête mes objectifs personnels et avant toutes choses : trouver l'amour, le vrai, le grand, l'unique (tout en priant à ce qu'il convienne au prince accessoirement).

Je ne saurais plus dire au détour de quelle conversation j'ai appris que le prince Antoine et sa fille allaient poser leurs valises en Angleterre pour la saison, il m'était impossible de ne pas envoyer un billet dès que possible pour voir mon amie.

Angélique et moi nous connaissons depuis toujours. Nos mères étaient amies toutes deux et il a été naturel pour nous d'en faire de même. De sorte que, Angélique est pratiquement une deuxième soeur pour moi. Il est fort heureux d'ailleurs qu'elle s'entende bien également avec Thérésia car je ne sais pas trop ce que j'aurais fait si cette amitié avait créé de la jalousie chez ma soeur. Toujours est-il que j'aimais beaucoup la retrouver, nous avions toujours beaucoup de choses à nous dire et encore plus lorsque l'on nous laissait seules, ce qui arrivait rarement.

Si je pouvais compter également sur la grande amitié épistolaire que me vouait Marie de Liechtenstein, la distance qui nous séparait nous rendait toutefois moins complique qu'avec Angélique d'Orléans, même si je comptais les deux princesses comme mes deux meilleures amies, c'était une amitié toutefois bien différente, ce qui rendait les choses plus équilibrées qu'elles ne le paraissaient.

C'est ainsi que le matin partit un billet pour l'hôtel particulier où résidait habituellement le prince et sa famille de sorte que lorsque je vins moi-même, ils étaient parfaitement au courant de ma venue. Avec le temps, j'avais gagné le privilège de pouvoir venir à la rencontre d'Angélique sans devoir être invitée au préalable par son père. J'avais toutefois la chance que ce dernier tienne en haute estime l'amitié que j'avais pour Angélique. Néanmoins, plus les années passaient et plus je m'inquiétais pour mon amie dont je voyais la joie se flétrir de plus en plus sous le poids de la pression et du contrôle paternel. Si le prince savait comment c'était en vérité derrière les murs de nos châteaux. Nous passions notre temps à nous chamailler avec mes frères et soeurs. Parfois même, nos parents renchérissaient, provoquant l'hilarité générale. Nous sommes une famille qui nageait dans le bonheur et ne s'en cachait pas. Toutefois, au contraire d'Angélique, nous étions libres la majeure partie du temps. Ainsi, nous astreindre à bien nous comporter en société était beaucoup plus facile à accepter dès le plus jeune âge. Nous avions rapidement compris que nous pouvions avoir un comportement libre entre nos murs mais qu'en-dehors, il nous fallait donner une certaine image de nous. Angélique n'avait pas cette chance de sorte que ses moments de liberté étaient particulièrement restreints, elle était sous une surveillance et une tension constante de sorte qu'aucun effort ne devait être relâché, ce qui était sans aucun doute épuisant pour ma jeune amie.

Je me félicitais que les moments passés ensemble constituaient pour elle une véritable bouffée d'air. Si j'avais pu l'extraire quelques temps de cette ambiance pesante en l'invitant en ma demeure, je l'aurais fait sans aucune hésitation mais le prince avait toujours tenu à garder un oeil sur elle de sorte que jamais il n'avait encore accédé à cette requête.

Ainsi, je me présentais à l'hôtel particulier en fin d'après-midi comme évoqué dans mon billet (et plus spécifiquement pour l'heure du thé comme le voulaient les convenances). Je fus reçue par un domestique qui me mena sans plus attendre dans un espace fort familier car oui, je ne m'attendais pas à être reçue dans un salon ou encore un boudoir mais Angélique adorait me recevoir dans sa ménagerie. Elle adorait les animaux depuis toujours, ils lui permettaient de se détendre. C'était devenu comme un rituel pour nous. J'aimais la regarder, perdant sa tristesse et s'adressant avec douceur à ces êtres qui lui vouaient un amour inconditionnel qu'elle leur rendait bien. J'espérais secrètement qu'il lui en resterait un peu pour un homme qui saurait prendre soin d'elle et ne pas voir que le titre qu'elle possédait ou la puissance paternelle à laquelle il s'alliait.

Je fus dûment annoncée et entrais lorsque l'on m'y invita, un sourire poli mais sincère sur mon visage.

"Bonjour Louise. Bienvenue à Burlington House. J'espère que vous vous portez bien. Scarlett voudriez-vous nous faire préparer une collation je vous prie."
- Je vous remercie Angélique, je me porte fort bien. Votre voyage vous a été agréable ?

Dès que la femme de chambre se fut éclipsée pour nous préparer une collation, Angélique fondit sur moi pour m'enlacer, ne cachant plus son plaisir de me retrouver. Ne boudant pas mon plaisir non plus de retrouver mon amie après une si longue séparation, je lui rendais son étreinte qui dura peut-être un peu plus longtemps que je ne m'y attendais. Je lui avais manqué, c'était certain et en soit, cela me faisait plaisir que quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille ne cache pas son affection pour moi. Je n'avais jamais compris pourquoi certains hommes se plaisaient à cacher leurs sentiments de sorte que parfois ceux-ci étaient parfaitement invisibles aux yeux. J'étais le genre de femmes à aimer la franchise, à aimer les déclaration, le romantisme, les actes pleins d'amour, les lettres débordantes d'une affection non dissimulée. Bref tout ce qui faisait horreur à bien d'autres. Après un long moment, elle se sépara alors de moi.

"Je suis tellement contente de te retrouver !"

- Et moi dont ! Tu n'as pas idée ! J'imagine que ton père n'a pas manqué de t'exhiber dans toute la ville. Maintenant que tout le monde sait que tu es ici, tu vas être de toutes les réceptions, nous allons bien nous amuser. Rassures-toi, tu ne vas pas te sentir dépaysée, la princesse Marie de Liechtenstein ainsi que la princesse Chiara sont là ainsi que... oh ! Tu ne devineras jamais qui est là également ! Je ne cesse aussi de faire des rencontres. Vois comme je débite tout un flot de paroles ! J'en ai la tête qui tourne ! Angélique, je crains que je ne survivrais pas à cette saison ! Tant de choses sont à retenir, de paramètres à prendre en compte, de détails à étudier ! Je ne vais jamais y arriver !

Comme toute bonne amie qui se respectait, Angélique n'ignorait rien de moi et encore moins que sous le stress, je doutais intensément de moi-même. En outre, elle était également dans la confidence que le prince Wilhelm von Hohenzollern et moi nous étions rapprochés lors d'un voyage diplomatique il y a de cela 2 ans. J'avais alors 19 ans et je passais un moment délicieux en compagnie de ce prince au charme fou. Je ne pense pas beaucoup m'avancer en osant dire que de nombreux regards admiratifs s'étaient tournés alors sur le couple parfait que nous formions. Toutefois c'était sans compter que contrairement à mes attentes (et à celles de mes parents également mais ils ont été trop bons pour oser m'en faire la remarque), au lieu de se présenter le lendemain comme l'aurait fait tout homme intéressé par une dame en vue d'entretenir une romance, le jeune homme n'est jamais reparu et ne s'est même pas fendu d'un billet d'explication et encore moins d'une lettre. Ce fut le silence radio et mon coeur saigna alors de déception.

Toutefois le temps panse toujours les plaies et je m'en étais rapidement remise. J'avais le don de très facilement relativiser les choses ce qui m'aidait grandement à avancer dans la vie. Je m'étais ainsi tout simplement dit que le prince Wilhelm von Hohenzollern n'était tout simplement pas l'homme de ma vie, le grand amour que je recherche, c'était aussi simple que cela.

Angélique d'OrléansMembre
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L'amitié est une âme en deux corps



Louise était une bouffée d'air frais. Quelque part, elle avait également été son salut. Car déjà enfant, si Antoine était essentiellement concentré sur l'éducation d'Alexis son fils ainé et héritier, Angélique n'en avait été pas moins à lui d'avantage qu'à sa mère.
En bon stratège qu'il était, le Prince d'Orléans ne savait que trop combien une fille pouvait être utile pour l'avenir aussi ne l'avait-il que peu laissée à sa maman pour son apprentissage. Il voyait bien plus loin que certains aristocrates s'alarmant de ne pas engendrer que des mâles. Lui, avait le choix du roi comme on disait et il avait entendu en tirer avantage.
Angélique avait donc dès son plus jeune âge du être aux regrets à moitié tus de sa mère, cette petite fille déjà adulte, timorée et constamment dans la retenue. Tout cela avait commencé à changer dès lors que les Princesses d'Orléans et de Riquet-Chimay avaient décidé de passer leurs étés ensemble dans un petit domaine, sans leurs époux. Angélique avait été déroutée par Louise, cette petite tornade du même âge qu'elle si pleine de vie qui pouvait courir, sauter et rire à gorge déployée sans qu'on la reprenne. Elle la revoyait encore tester les échos du grand hall d'entrée ! Elle s'y était essayée d'abord timidement, encouragée par le sourire tendre de sa maman, mais tout cela était si nouveau pour elle ! Au château de Saint Cloud on ne lui autorisait pas de pareilles libertés ! Elle ne manquait de rien bien sûr. Elle avait des jouets à ne savoir qu'en faire et tous les domestiques qu'elle souhaitait pour s'amuser avec elle, mais tout devait toujours être fait "telle une princesse" comme le disait son père. Avec altesse et modération dans l'expressivité de ses émotions. Sa mère comme son frère dans l'intimité l'encourageaient malgré tout souvent à plus de laisser aller, la poussaient à avoir l'âge qu'elle avait, mais ce fut Louise qui hors des murs de la résidence de la Maison d'Orléans, lui appris à lâcher prise et être véritablement une petite fille. Elle lui permit de respirer enfin, elle qui était toujours si droite et réservée et de se découvrir.

Ca n'avait jamais changé depuis. Si Angélique devait redevenir l'image de perfection qui collait aux idéaux de son père lorsqu'elle quittait la demeure de sa marraine qui n'était autre que la mère de Louise une fois l'été fini, dès lors qu'elle retrouvait sa meilleure amie tout redevenait aussi naturel que si elles s'étaient quittées la veille. Tout redevenait plus facile et c'était d'autant plus vrai aujourd'hui qu'elle se sentait horriblement seule depuis le décès de sa mère et plus récemment encore, la disparition de son frère. Antoine adorait sa fille à sa façon mais il n'était pas une épaule sur laquelle elle pouvait s'épancher...
Elle fut donc reconnaissante à Louise de ne pas briser l'étreinte trop tôt, car elle avait besoin de cet instant qu'elle savoura avec autant de bonheur que de bouleversement, fermant ses yeux afin de mieux l'apprécier.
Orsino cela dit perdit patience et plaqua ses petites mains sur leurs jours respectives afin d'attirer l'attention sur lui. Angélique sourit et libéra enfin son amie avant de reposer son singe qui décida d'aller examiner de plus près le tissu de la robe de Louise visiblement faite d'une matière qui l'intriguait...

- A qui le dis-tu...

Elle imaginait bien. Ils avaient chevauché si longtemps ce matin afin que tout Londres les voit qu'elle avait presque finit par en avoir mal aux cuisses à force du frottement de la fourche de sa selle entre ces dernières.
Angélique sourit à Louise qui s'enthousiasmait des évènements à venir où elles pourraient se retrouver et s'amuser durant toute la Saison qui finalement, ne faisait que commencer même si Angélique la prenait en cours de route. Elle avait hâte. La jeune femme n'était pas réfractaire aux mondanités, bien au contraire et elle savait qu'ici en Angleterre, elle aurait d'avantage de liberté qu'en France car sa marraine pourrait la chaperonner, ce qui l'autoriserait à quelques sorties sans que l'ombre d'Antoine ne soit présente au dessus de son épaule pour surveiller le moindre de ses faits et gestes.
En revanche à l'évocation de Marie de Liechtenstein, Angélique se renferma légèrement, quelque peu mal à l'aise. Elle s'efforça de ne rien montrer de son trouble à sa meilleure amie qu'elle ne souhaitait pas tourmenter avec ces bêtises, mais la vérité était qu'Angélique ne savait comment appréhender la relation de Louise avec Marie. Elle ne doutait pas un instant du lien qui les liait toutes deux depuis qu'elles étaient petites, mais elle ne pouvait faire autrement que se sentir menacée par l'affection que Louise portait à Marie... Angélique avait la sensation d'être insuffisante à sa meilleure amie et le pire était qu'elle ne pouvait même pas la blâmer, si c'était cela qu'elle ressentait... Angélique, de par le joug de son père la suivant à chaque instant, savait malgré elle ne pas être la jeune femme la plus avenante du monde, si bien que beaucoup de personnes la prenait pour une demoiselle aussi insipide qu'inintéressante. Elle n'avait jamais osé parlé à Louise de ce perpétuel doute qui la rongeait car elle ne voulait pas l'ennuyer avec ça, mais ce n'en était pas moins une réalité qui parfois lui pesait beaucoup.

Heureusement, Louise était lancée dans son récit des récents évènements, aussi Angélique comptait-elle sur cela pour se ressaisir et faire comme si de rien n'était. D'autant qu'elle devait suivre le débit de paroles de son ami qui était enfiévré !

- Stoooop ! lui dit-elle incapable de retenir un rire amusé en lui prenant les mains. Inspire, expiiiiire.

Avec leur complicité naturelle, Angélique entraina Louise vers le dédale de coussins et de tapis sur lesquels elle la fit prendre place. Rapidement, lapins et cochons d'inde se pressèrent autour d'elles à la recherche de quelques caresses. Il n'y avait pas mieux que le contact des animaux pour se détendre.

- Tu vas très bien t'en sortir. Que tu fasses des rencontres est une bonne chose ! Cela ne fait qu'agrandir ton éventail de possibilités.

Angélique de ce côté là, était plus sereine que son amie pour la simple et bonne raison qu'elle était déjà fiancée depuis la Saison dernière et n'avait donc pas à se soucier de se trouver un bon parti durant celle-ci. Elle était d'autant plus heureuse qu'elle avait le bonheur d'être engagée à un homme qui éprouvait une sincère affection à son égard, qu'elle partageait. Elle qui s'était toujours préparée à devoir faire un mariage de convenances bien plus qu'un mariage de sentiments de par son rang, se trouvait incroyablement chanceuse de son sort ! Elle serait heureuse avec William ! Elle en était certaine ! Elle n'avait l'avait pas encore vu depuis son arrivée à Londres, mais elle avait très hâte de le retrouver ! La durée réglementaire de leurs fiançailles était à présent terminée, ce qui signifiait que leurs prochaines entrevues seraient en vue de l'organisation de leur mariage !

- As-tu déjà repéré quelques gentleman susceptibles de te plaire ? D'ailleurs, qui est là également ? lui demanda-t-elle d'un ton espiègle.

Elle ne le lui avait même pas dit tant elle avait été pressée de lui déblatérer tout ce qu'elle avait sur le cœur et dans sa tête en même temps !
La porte s'ouvrit sur Scarlett qui les bras chargés d'un plateau d'argent richement garni, s'approcha des deux princesses. Angélique pouvait dire à son air désapprobateur qu'elle condamnait le fait de les voir installées à même le sol au milieu des animaux qui mettaient des poils plein leur robe, mais elle s'en moquait. Sa ménagerie était la seule pièce de la demeure où elle avait un tant soit peu de liberté et ce que son père ne condamnait pas, ne lui serait pas reproché par une domestique acariâtre. Bien des demoiselles voyaient en leur femme de chambre une confidente, une amie, mais ce n'était pas le cas d'Angélique malheureusement.

- Merci Scarlett. Vous pouvez poser tout cela ici nous nous débrouillerons.

Avec une révérence pincée, la servante salua les princesses et prit congé. La porte à peine refermée, Orsino grimpa sur la table basse et posa ses fesses dans le plateau avant de se servir en biscuits. Angélique pouffa de rire et attrapa son singe qu'elle garda entre ses bras tel le gros bébé qu'il était.
Elle ramena son attention vers Louise. A présent qu'elles seraient tranquilles pour un bon moment, elles pouvaient parler de tous ce qu'elles voulaient sans tabou ou crainte d'être dérangées. Elle était toute ouïe !


Louise de Riquet-ChimayMembre
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23 mai 1826 - Après-midi




" Stoooop ! " lui dit-elle incapable de retenir un rire amusé en lui prenant les mains. " Inspire, expiiiiire. "

Je suivis à la lettre les recommandations de mon amie, inspirant et expirant sous l'inflexion de sa voie avant de rire à mon tour, amusée également. Si je n'étais pas contrainte comme l'était Angélique par des parents tyranniques (mais qui cherchaient mon bien autant que le leur), c'est au contraire moi qui me mettais de la pression toute seule à ne pas vouloir décevoir mes parents et être un exemple pour mes frères et soeurs. C'était parfois très pesant de chercher à donner l'image de la jeune fille parfaite et, force était de constater que ça n'attirait pas vraiment ces messieurs non plus.

Sans y réfléchir, je suivis Angélique qui s'installa sur un ensemble éparse de cousins moelleux et confortables. A peine assises, une ribambelle de lapins et cochons d'inde vinrent à nous pour solliciter notre attention. Cette attaque de ces mignonneries à poils en tout genre sur pattes auraient pu effrayer nombre de personnes (ou en ravir d'autres) mais j'étais habituée. Bon, je dois avouer que si je n'avais pas aimé les animaux notre amitié avec Angélique aurait été complexe mais tant qu'elle ne versait pas dans un amour invétéré pour des serpents, je prenais autant de plaisir qu'elle à caresser ces quelques boules de poils adorables qui parfois me gratifiaient de quelques léchouilles. Il m'arrivait de temps à autres de prendre quelques animaux dans mes bras afin de les câliner plus longuement. Je venais tellement souvent que les animaux d'Angélique s'étaient habitués à moi et n'avaient plus de mouvements de crainte.

" Tu vas très bien t'en sortir. Que tu fasses des rencontres est une bonne chose ! Cela ne fait qu'agrandir ton éventail de possibilités. "

- C'est facile pour toi, tu es déjà fiancée. Ainsi, tu peux profiter amplement des plaisirs qu'offrent la saison sans t'inquiéter. Avant la fin de l'année tu seras mariée. Quant à moi... J'ai l'impression que si je ne trouve pas d'époux avant la fin de la saison, ma réputation n'en soit qu’entachée de sorte qu'ensuite plus aucun homme digne d'un minimum d'intérêt ne s'intéresse à moi. On ne veut pas d'un fruit dédaigné par les autres, tu vois ce que je veux dire ?

Mes paroles étaient assorties d'un air inquiet. Il était difficile lorsque l'on grandissait en tant que princesse de savoir à qui on pouvait faire confiance ou non. Bien souvent, on l'apprenait par l'expérience, à nous dépends la plupart du temps de sorte qu'on en soufrait assurément. Ainsi, je ne me confiais qu'à un tout petit groupe de personnes dont j'avais savamment éprouvé la loyauté. Quand j'étais petite cela passait par des jeux puis en grandissant, j'avais appris à distiller mes informations avec parcimonie de sorte que je confiais des éléments mineurs à seulement une personne. Si cette information me revenait aux oreilles par quelqu'un d'autre ou si mes parents m'en parlaient, je savais que la seule personne qui était au courant n'était pas fiable. Elle était alors d'office exclue radicalement de mon cercle ainsi que de celui de mes frères et sœurs par extensions. De la même façon, si mes frères et sœurs me présentaient des amis, ils étaient d'office considérés comme étant de confiance car ces derniers faisaient preuve de la même prudence. A force, les personnes intéressées seulement par l'opportunité d'être ami avec une princesse diminuait de notre entourage avec le temps, ces personnes se trahissant forcément tôt ou tard. Je ne saurais dire s'ils y gagnaient plus ou s'ils y perdaient. Toujours est-il que je m'étais ainsi constitué un groupe d'amis sûrs.

" As-tu déjà repéré quelques gentleman susceptibles de te plaire ? D'ailleurs, qui est là également ? "

- Pour le moment je tâche d'apprendre à connaître ces quelques messieurs qui semblent m'avoir porté intérêt mais de là à décréter une inclination, c'est trop tôt pour le dire. tu me connais, je doute que le coup de foudre ne soit capable de me frapper. Ou alors je ne le reconnaîtrais pas en le voyant. Toujours est-il que j'ai reçu quelques visites le lendemain du bal, ce qui me semble plutôt bon signe. L'un d'entre eux en particulier a attiré mon attention : @Ambrose de Norfolk, le duc de Norfolk. Le pauvre, il assistait à son premier bal le soir de notre introduction à la Reine et semblait fort peu à l'aise dans son rôle. J'ai essayé de lui permettre de se sentir à l'aise mais je crains que la princesse Marie n'ait totalement accaparé son attention. De sorte que tu vois, lorsqu'il m'a rendu visite le lendemain du bal, j'étais pour le moins surprise de le voir se présenter. Néanmoins j'ai trouvé nos échanges fort agréables. Il donne le sentiment d'être un homme froid et distant mais il y a quelque chose chez lui qui m'intrigue, qui me perturbe. Je ne saurais vous dire pourquoi mais je sens que ce n'est qu'une façade, j'ai le sentiment qu'en vérité, c'est un homme fort agréable si tant est qu'on lui permette de se sentir à l'aise et de s'ouvrir. Si nos vies ne sont pas amenées à se joindre par un mariage, il sera sans aucun doute un ami précieux. J'ai rencontré aussi un ami de Joseph, @Connor J. Dumpridge, le Marquis de Travistock qui est un homme plein d'esprit qui a une bonne conversation mais j'ai cru deviner que son coeur était totalement accaparé par la princesse Chiara qu'il a rencontré il y a quelques années. Ainsi je ne le désignerai définitivement pas sous le titre de prétendant mais il est certain que c'est un homme de confiance que mon frère tient en très grande estime. Il ne fait aucun doute que je peux déjà le considérer comme un ami. Avec lui, j'ai également fait la rencontre de @Edward F. De Richemond, duc de Richemond. Lui en revanche, c'est un homme odieux qui n'a eu de cesse de faire référence à mon jeune âge comme si je sortais du berceau ! C'est un parti des plus intéressants puisqu'il n'est nul autre que le filleul de la princesse Elisabeth mais il est certain que je me refuse à accorder la moindre attention à ce genre d'énergumène qui me prend pour une ignare juvénile. Je t'assure que même si c'était le dernier homme sur terre, je me refuserai à l'épouser ! J'ai été plus que surprise qu'il m'invite à la partie de chasse qu'il organise. Écoutes... il m'a tellement offensée que j'ai refusé sur le champs de m'y rendre en prétextant que j'avais un autre engagement. J'ai également dansé avec un américain, @Winthrop Dunster mais il ignore mon identité. Ce n'est peut-être pas très louable de ma part mais j'ai profité du bal pour le laisser dans l'ignorance. Je pense qu'il n'avait pas idée qu'il dansait avec une princesse et je ne souhaitais pas le mettre dans l'embarras. Il l'apprendra tôt ou tard j'imagine. Je doute que ce genre de choses ne passe vraiment inaperçu, notamment de la part de cette Miss Miranda qui semble faire la pluie et le beau temps à Londres pendant la saison. Néanmoins je dois avouer que c'était un moment littéralement magique, cet homme est un excellent danseur et je me suis sentie... considérée. C'est étrange de dire cela, non ? Toutefois toute idée d'aller plus loin serait parfaitement déraisonnable car jamais mes parents n'accepteraient que j'épouse quelqu'un qui ne soit pas titré et tu me connais, je ne souhaite en aucun cas être une source de déception et de déshonneur pour ma famille.

Je m'interrompis dans mon rapport à ma meilleure amie car Scarlett venait de faire son apparition avec un plateau rempli de joyeusetés. Nous la suivirent silencieusement du regard avant qu'Angélique de la remercie. Je sentais bien que cela la contrariait mais Angélique avait totalement raison, il y avait des sujets qui ne pouvaient être évoqués en public et notamment à des oreilles qui avaient également une bouche.

Ainsi, je repris mon propos lorsque le clic de la poignée refermée se fit entendre (de sorte qu'il y avait peu de chance qu'elle puisse entendre notre conversation de là où on était avec le bruit des animaux nous entourant (merci à eux, il faut le souligner).

Pour ce qui est de : "qui est là également" eh bien j'ai eu la grande surprise de recroiser le chemin du prince @Wilhelm von Hohenzollern

Voyant la réaction en mode bouche bée de mon amie, je ne pus que hocher de la tête pour exprimer un : eh oui...

Vous imaginez bien qu'en tant que meilleure amie, Angélique n'ignorait en aucun cas combien l'attitude du prince de Prusse m'avait provoqué du chagrin. Peut-être est-ce la jeunesse qui fait que l'on ressent les choses avec intensité ou simplement mon caractère mais toujours est-il que j'ai mis du temps à retrouver le goût aux mondanité et confiance ne moi d'avoir été traitée de la sorte. Pour ma plus grande félicité, il n'y avait pas de Miss Miranda pour appuyer publiquement là où ça faisait mal de sorte que l'affront puis la guérison se sont déroulées dans la discrétion la plus complète. Toujours est-il qu'Angélique était parfaitement au courant que le prince de Prusse et moi nous étions rencontrés à un bal où ma famille avait été conviée. Nous nous étions si bien entendus que nous avions dansé ensemble toute la soirée et même flirté publiquement (dans les limites de la bienséance bien sûr). Tout le monde, moi-même compris, nous attendions à ce que le charme de cette rencontre perdure et qu'avec un peu de chance, sous très peu de temps, des fiançailles soient annoncées publiquement et un mariage princier soit organisé pour le plus grand bonheur de tous mais il n'en fut rien. Le bellâtre avait tout simplement disparu sans plus donner signe de vie jusqu'à ce fameux bal de la Reine où Louise avait fait son entrée dans le monde.

- Figurez-vous qu'en plus de l'avoir côtoyé au bal comme si rien ne s'était passé (je veux bien qu'il ait coulé de l'eau sous les ponts depuis deux ans mais vous avouerez que quand même, il ne faut pas pousser le bouchon non plus... il aurait pu avoir ne serait-ce qu'un mot, non ?) il a eu le toupet de venir me rendre visite le lendemain matin, comme s'il était l'un de mes prétendants. Je gage qu'il voulait donner cette image pour maintenir sa réputation mais est-ce donc là tout ce à quoi j'ai le droit ? Enfin bref... Il a fait amende honorable de m'avoir ignorée aussi grossièrement et m'a révélé qu'il est amoureux d'une femme à qui il a offert son coeur depuis des années mais tout mariage entre eux semble impossible. Il m'a confié avec une honnêteté déconcertante qu'il cherchait une épouse qui accepterait (j'imagine de gré ou de force) cette situation. Il a précisé qu'il avait nourrit bien trop d'estime pour moi pour m'imposer une telle situation. Je l'en sais gré car jamais je n'aurais supporté cela. J'ai bien conscience que nombre d'hommes ont des maîtresses mais je nourris l'ambition de trouver un homme qui soit capable de s'en garder par amour pour moi. Penses-tu que ce soit possible ou trop espérer Angélique ?

Il n'était pas nécessaire de préciser ainsi que le prince de Prusse tout attirant soit-il était ainsi d'office exclus de la liste des prétendants potentiels. De sorte qu'en vérité, la liste était bien mince pour ma plus grande déception. Pas que j'étais le genre de femme à apprécier d'être au centre de l'attention mais comment trouver l'âme sœur en ne rencontrant que des hommes visiblement entichés d'autres femmes ou détestables à souhait ? Je me sentais un peu désespérée présentement et pour le moins désemparée. Je ne savais pas comment inverser cette malheureuse tendance et attirer l'attention de prétendants sérieux.

HRP : Petite précision aux personnes taguées : nulle réponse n'est attendue de votre part chers amis mais c'est uniquement afin que vous soyez au courant qu'il est fait mention de vous ici (pour ceux qui sélectionnent les rp qu'ils lisent).

Angélique d'OrléansMembre
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L'amitié est une âme en deux corps



De nature conciliante, Angélique ne se défendit pas lorsque Louise prétendit que c'était facile pour elle de parler étant donné qu'elle était déjà fiancée et qu'elle n'avait plus qu'à apprécier les mondanités de la Saison. C'était une façon de voir les choses oui mais sa meilleure amie se trompait. Les choses étaient loin d'être aisées pour la princesse de France. Certes elle avait la chance d'être fiancée à un homme qu'elle avait eu la chance de choisir mais ça ne voulait pas dire qu'elle était à l'abris de tout tourment...
Angélique avait conscience de l'importance du mariage, particulièrement dans le protocole anglais qui se rythmait autour des saisons quand en France tout était continu et comprenait donc le point de vue de Louise, mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver tout ça bien futile...
Trouver un époux... Voilà qui semblait être la seule chose importante en Angleterre. Elle venait tout juste d'arriver à Londres elle-même et tous n'avaient à la bouche que son mariage. Mariage qu'elle était impatiente de concrétiser ! Elle ne minimisait absolument pas son impatience de revoir William et s'unir enfin à lui après tout ces mois à s'écrire sans pouvoir se voir, mais ce n'était pas ce qui occupait constamment ses pensées... Ce bonheur était entaché. Obscurci... Angélique était encore chamboulée par le décès récent de sa mère mais plus que tout, elle se torturait jour et nuit à l'idée de ne pas savoir où était Alexis et ce qui était advenu de lui. Elle ne voulait pas croire que lui également elle l'avait perdu à tout jamais mais ses cauchemars l'assaillaient des pires scénarios, la faisant souvent s'éveiller en sursaut, ses joues humides et son cœur tonitruant.

- Tu ne serais pas la première débutante à ne pas trouver d'époux lors de sa première saison, tu sais ?

C'était déjà arrivé avant et cela se reproduirait très certainement. Elevée à la Cour de France, Angélique avait quelques difficultés à comprendre les mœurs anglaises. Louise fréquentait Londres depuis plus longtemps qu'elle et y résidait désormais aussi devait-elle se plier à tout cela. D'où son inquiétude, mais la Princesse de Bourbon peinait à comprendre en quoi le fait de ne pas trouver chaussure à son pied en six mois constituait une mise en danger de la réputation d'une demoiselle.

- Je ne crois pas que tu puisses un jour être dédaignée Lou... lui sourit-elle doucement tout en continuant de caresser Orsino.

Le petit singe qui poussait des petits bruits adorables se redressa et tendit sa patte vers elle afin d'avoir un autre biscuit. Angélique en sorti un d'une petite bombonne et le lui donna, mais elle ne quittait pas Louise des yeux.
Elle la connaissait assez pour savoir qu'elle était loin d'être sotte et que donc n'importe quel homme serait chanceux de l'avoir, mais surtout elle représentait l'idéal de la beauté anglaise avec ses cheveux blonds et ses jolis yeux bleus. Elle attirerait forcément quelqu'un ça ne faisait aucun doute pour Angélique qui finit par la questionner quant à d'éventuels prétendants que Louise aurait remarqué lors du bal des débutantes.
Le moins que l'on puisse dire était qu'elle ne s'était pas attendue à une telle tirade ! Angélique écouta la jeune femme lui parler de tous ces messieurs qu'elle avait croisé lors de l'évènement mondain le plus attendu de l'année, s'amusant de la vitesse avec laquelle elle parlait à nouveau. On ne la referait pas !

- Le Duc de Norfolk... Il me semble que William est lui se connaissent plutôt bien. Je ne l'ai encore jamais rencontré mais il m'en a dit le plus grand bien.

Angélique n'avait pas eu le plaisir de rencontrer le Duc lors de la dernière Saison, mais elle se fiait au jugement de son fiancé. Durant leurs longs et réguliers échanges épistolaires, le futur duc de Kent avait mentionné Ambrose de Norfolk à quelques reprises, lui confiant son affection pour cet homme discret mais qui gagnait malgré tout à être connu.
A la mention de Connor en revanche... Angélique tiqua et se referma comme une huitre, détournant son visage afin de masquer sa gêne à son ami. Elle fit mine de se concentrer un instant sur son petit singe afin de dissimuler l'inconfort que lui procurait ne serait-ce que le son de ce nom... Elle n'aimait pas cet homme. Il l'inquiétait. Être en sa présence lui donnait souvent la sensation que la terre s'ouvrait sous ses pieds, prête à l'engloutir. Que Louise avance qu'elle le considérait déjà comme un ami alors qu'elle le connaissait à peine, pour ne pas dire pas du tout, mit Angélique dans une certaine détresse.

- Fais attention quand même Lou... Tu ne sais de cet homme que ce qu'on t'en a dit et pour ma part je n'ai vraiment pas la même inclinaison que toi à son égard...

Angélique se refusait à calomnier mais elle ne pouvait ignorer son ressenti à l'égard du marquis et crut bon d'en avertir Louise. Après tout, elle avait beau être peu bavarde en société, elle était pour autant une observatrice hors pair et ses impressions des gens lui faisaient rarement défauts. Elle n'était pas de ces personnes à juger sans se faire sa propre opinion d'autrui au préalable mais Connor avait ce elle ne savait quoi qui la mettait sur la défensive dès qu'elle le croisait.

- Peut-être Lord Richemond aime-t-il te taquiner ? hasarda-t-elle, espiègle.

Le jeu pouvait être tentant. Louise était une petite boule de nerfs et ses frères eux-mêmes lorsqu'elles étaient plus jeunes, aimaient à la titiller pour le plaisir de la voir s'agacer. Angélique ne participait pas à ces provocations et défendait même son amie, mais elle mentirait en disant que parfois ça ne la faisait pas sourire de voir Louise rougir tant elle cherchait à se contenir mais voulait exploser. Le duc exagérait cela dit. Son amie avait 21 ans, ce qui était plus que la plupart des débutantes qui généralement faisaient leur entrée dans le monde à 17 ou 18 ans. Mais si il avait invité Louise à la chasse, c'était que visiblement il n'était pas si réticent à la compagnie d'une "ignare juvénile".  
Angélique pencha sa tête sur le côté lorsque sa meilleure amie évoqua Lord Dunster. Dieu savait qu'on ne choisissait pas ses sentiments mais si Louise appréciait cet homme, pourquoi s'en détourner déjà ? Sa marraine était une femme aimante et compréhensive. Si vraiment inclinaison il devait y avoir, elle doutait que Thérésa refuserait d'écouter sa fille et de considérer la chose. D'autant que Louise n'était pas sa seule enfant et que les Riquet-Chimay n'étaient pas dans le besoin, aux dernières nouvelles.

- Tout dépend... Tu as une grand fratrie. En revanche il te faudrait sans doute partir aux Amériques et je n'aimerais pas te voir partir si loin de moi...

Traverser la manche était une chose. Traverser l'océan en était une autre !  
Angélique se tut lorsque sa servante entra avec le thé. Elle repartit aussi sec, congédiée par la princesse qui se redressa afin de faire le service. L'odeur délicieuse du thé s'élevait déjà dans la salle et attirait ses petits amis poilus qui se pressaient autour d'elle. Elle sourit en sentant des petites pattes s'appuyer contre sa jambe. Tous des gourmands ! Elle émietta quelques biscuits dans une soucoupe et la posa au sol.
Le bec verseur de la théière heurta la porcelaine d'une tasse lorsque Louise répondit à la seconde question de son amie, mentionnant le patronyme du prince de Prusse. Ses grands yeux chocolats se relevèrent sur Louise alors qu'elle suspendait son geste. Wilhelm von Hoenzollern... Des images du dîner qu'ils avaient partagé ensemble pas plus tard que l'avant veille revinrent à Angélique qui déglutit avant de se remettre à sa tâche. Elle revint près de Louise et lui tendit son thé, avant de tromper ses lèvres dans le sien. Elle n'avait plus du tout pensé ce fameux soit, qu'il s'était passé quelque chose entre le prince et sa meilleure amie, toute à sa déception quant à l'absence de William dont le prince avait prit la place afin qu'elle ne se retrouve pas sans voisin de table. C'eut été fort embarrassant !
Si elle avait apprécié sa rescousse, sa compagnie avait cela dit été des plus... froides ! Angélique avait bien essayé modestement de lui faire la conversation mais il ne lui avait absolument pas facilité la tâche, ne faisant que peu d'effort pour lui masquer la lassitude qu'il éprouvait de se retrouver à cette table... Angélique avait souhaité disparaitre au moins dix fois au cours de ce repas.

- Je... je l'ignore...

La réponse était distraite, car ses pensées étaient soudain ailleurs...
Wilhelm était amoureux et on lui avait refusé la main de cette femme... Seigneur et elle qui avait osé lui vanter son bonheur d'épouser prochainement un homme qu'elle avait pu choisir et qu'en plus elle aimait sincèrement ! Pas étonnant qu'il eut été si taciturne ! Elle l'avait cru rigide, fermé et rustre mais il était juste... malheureux. Comment l'en blâmer. Elle-même serait effroyablement accablée si on venait à lui dire aujourd'hui qu'elle ne pouvait plus épouser William.
Elle se sentait à présent incroyablement désolée pour le prince.

- Hum, se reprit-elle. Tu connais les origines de ma naissance. Si le Roi Soleil n'avait pas fricoté avec ses maîtresses je ne serais pas de ce monde. Les hommes ont des maîtresses depuis toujours Lou. Je ne pense pas que cela veuille dire qu'ils n'aiment pas leur femme car je crois que le mien à sa façon aimait ma mère mais... il y a toujours eu des maîtresses.

Elle essayait de rassurer Louise, mais l'accepterait-elle, elle, lorsqu'une fois unie à William il lui annonçait qu'il voulait une maîtresse...? L'idée lui pinçait le cœur et elle aimait à croire qu'il ne lui ferait pas cela, qu'il lui resterait fidèle mais elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas y dire grand chose si il le décidait...
Elle espérait juste que cela arriverait le plus tard possible dans leur mariage et surtout qu'elle suffisante pour lui.

- Je pense que tu peux cela dit tout à fait l'espérer.

Louise avait l'air si désemparée. Angélique voulait l'aider à respirer alors qu'elle semblait avoir la tête sous l'eau et non l'enfoncer d'avantage. Oui, il était très courant que les hommes aient des maîtresses mais il y avait également des mariages qui fonctionnaient sans cela et elle espérait que ce serait le cas de celui de sa meilleure amie.

- Après tout, ça s'est déjà vu. Mon même ancêtre ne s'est-il pas marié à la fin de sa vie pour n'avoir plus qu'elle à ses côtés ?

Angélique n'aimait pas vraiment le personnage de la Maintenon, cette vieille bigote donneuse de leçon qui était loin d'être aussi blanche que ce qu'elle prétendait mais les faits demeuraient les faits, elle avait réussi à gagner le cœur du souverain le plus volage de l'histoire de France au point de se faire épouser dans le secret le plus intime.

- Louise, est-ce que... par hasard... tu saurais si ma marraine aurait reçu des nouvelles d'Alexis...?

La question était abrupte et sortie de nulle part, mais Angélique devait savoir. Elle ne voyait pas bien pourquoi son frère aurait écrit à Thérésa plutôt qu'à elle, mais elle était à bout de ressources et cherchait des réponses où elle le pouvait...
Peut-être avait-il envoyé une lettre à l'hôtel de Chimay pour elle, sachant qu'elle serait à Londres pour la saison ?  



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L'amitié est une âme en deux corps
23 mai 1826 - Après-midi



Les réponses de mon amie aux tonnes de questions que je me posais m'amenaient à réfléchir mais mon esprit s'arrêta net lorsqu'elle me demanda :

"Louise, est-ce que... par hasard... tu saurais si ma marraine aurait reçu des nouvelles d'Alexis...?"

J'écarquillais alors les yeux d'un air effaré et mis ma main devant ma bouche, ma surprise attira vers moi les yeux des animaux qui nous entouraient.

- Oh mais pardon Angie ! Quelle piètre amie je fais ! Oh je te prie de m'excuser. Bien sûr que tu souhaites principalement avoir de ces nouvelles. Malheureusement je crains de ne pas pouvoir t'apporter un quelconque soulagement mais elle n'a eu aucune nouvelle. Lui répondis-je avec plus de sérieux tout en prenant sa main dans la mienne.

- Mais si tu le souhaites et maintenant que les choses sont clarifiées avec ce monsieur, je pourrais peut-être voir avec le prince de Prusse si celui-ci a eu vent de quelque chose ? Qu'en penses-tu ? Quitte à avoir des relations, autant qu'elles servent si cela pouvait aider mon amie.

Si Angélique était déjà beaucoup en souffrance à cause de la rigueur avec laquelle son père faisait d'elle la princesse parfaite, elle était d'autant plus en souffrance parce que son frère avait disparu. Déjà qu'elle avait perdu récemment sa mère, cela devait faire beaucoup à pleurer pour un seul coeur. Je ne savais absolument pas comment mon amie pouvait réussir à tenir ainsi le coup. Sans doute était-ce parce qu'elle ne se laissait pas le choix mais jamais je n'aurais réussi l'exploit qu'elle réalisait sous mes yeux.

Je tâchais de rapporter un peu de légèreté dans notre conversation afin de l'amener à des pensées plus gaies.

- Alors dis-moi tout, à quel évènement majeur ton père souhaite que tu assistes pour ton entrée dans la bonne vieille société londonienne ?

Je la regardais avec un sourire espiègle. Cette question amenant forcément la question de la tenue et bien souvent Louise et Angélique s'étaient amusées à accorder leurs tenues. Elles avaient également développé des petites codes comme de désigner un bijou spécifique à porter si elles attendaient une réponse à quelque chose pour en informer l'autre. Elles s'amusaient beaucoup à ce petit jeu qui n'appartenait qu'à elles. Il fallait dire qu'Angélique avait si peu de libertés de mouvement ou d'action qu'il était difficile pour elle de pouvoir respirer un tant soit peu.

Toujours est-il qu'intérieurement cela m'avait fait rire que mon amie m'imagine mariée avec chaque homme que j'avais rencontré et dont je lui avait parlé. Comme si j'allais avoir tant de choix alors que la concurrence était si rude puisque plusieurs princesses d'Europe avaient décidé de venir faire leur saison à Londres cette année.

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L'amitié est une âme en deux corps



Angélique baissa son regard et acquiesça avec un sourire triste lorsque son amie lui confirma ce dont elle se doutait cela dit déjà ; Alexis n'avait pas écrit. Il eut de toute façon été fort surprenant que Louise se présente ici sans le courrier si ça avait été le cas. Le cœur de la jeune femme se serra malgré cette réponse à laquelle elle s'attendait. En général elle ne retenait pas ses émotions en présence de son amie. Louise était bien la seule personne avec qui elle pouvait être elle-même sans entraves, mais pour cette fois Angélique se fit violence car elle savait que si elle s'abandonnait à ce qu'elle contenait en elle concernant la disparition de son frère, elle serait incapable de s'arrêter de pleurer et elle s'effondrerait. Pour le moment, étant sans aucune nouvelle de lui, positive comme négative, elle préférait se raccrocher à ce mince espoir qu'il allait bien. Elle ne devait sous aucun prétexte se laisser aller à ses angoisses. Il reviendrait. Il le fallait... Elle ne pouvait pas le perdre lui aussi. Elle vivait déjà comme elle le pouvait le deuil de sa mère, elle ne pouvait pas porter en plus celui d'Alexis.

- Mon père m'a interdit d'aborder le sujet avec le Prince de Prusse...

Elle avait bien essayé lors du dîner dans un élan de désespoir de demander à Wilhelm si il savait la moindre chose quant à la disparition de son frère, mais Antoine l'avait surprise à triturer son médaillon contenant le portrait d'Alexis dont elle ne se séparait jamais et l'avait reprise avant qu'elle ne puisse aller plus loin dans sa question. Son intervention avait été si sèche et abrupte qu'Angélique s'était figée sur place et renfoncée sur sa chaise comme si elle avait eu le pouvoir d'y disparaître.

- Je pense que... qu'il ne souhaite pas que sa disparition soit rendue officielle...

De ce que savait le monde pour le moment, le fils héritier d'Antoine d'Orléans était en voyage. Il n'était aucunement question de la moindre disparition et il fallait pour des raisons politique se doutait-elle, que cela demeure ainsi.
La Prusse et la France qui plus étaient loin d'avoir toujours entretenu des relations très cordiales. Elle n'avait pas réfléchi en s'apprêtant à livrer une information aussi capitale au Prince de Prusse aux conséquences que cette information aurait pu avoir.

- Mais je te remercie de le proposer. Ça va aller ne t'inquiète pas pour moi, s'efforça-t-elle de dominer les larmes qui lui montaient aux yeux et le trémolo de sa voix. Je suis certaine qu'il va bien. Il a du perdre la notion du temps.

Elle essaya de rire, mais la lueur ne monta pas jusqu'à ses yeux noisettes. Alexis était passionné et aventurier. Elle préférait se dire qu'il était trop pris par sa dernière découverte pour se rappeler qu'on attendait de ses nouvelles en France ou que là où il se trouvait, il était difficile de faire partir le moindre courrier.
Tant qu'elle n'avait pas de preuve du contraire, son frère allait bien. Elle ne cessait de se le répéter. Il allait bien...

Angélique relâcha son singe qui partit observer - et vider - un vase de fleurs fraiches qu'on avait du installer là alors qu'elle était dehors avec son père. Elle le laissa faire et se concentra sur les autres animaux qui évoluaient autour de Louise et elle.
Elle fut reconnaissante à son amie de changer de sujet et d'amener sur le tapis quelque chose de bien plus léger. Car en abordant la Saison, Angélique comprenait très bien que Louise était prête à relancer leur petit jeu d'assortir leurs tenues lors des mondanités. Un heureux hasard d'une fois qui était devenu leur petite tradition secrète bien qu'avec la rigidité d'Antoine quant à tout ce que faisait sa fille, c'était souvent Angélique qui prévenait Louise de ce qu'elle devrait porter pour telle ou telle occasion. Son amie avait toujours le plaisir de jouer le jeu malgré tout, ce qui faisait à chaque fois son petit effet sur le moral d'apparence très guindé de la Princesse de France.

Elle entreprit donc de lui dresser la liste des mondanités auxquelles son père avait déjà prévu de les voir se rendre.
Le projet assortiments des toilettes put commencer ! Et avec lui, un bel après-midi de complicité et de légèreté.




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