three days later. (feat Louise)

Cela faisait trois jours que le fameux bal de la reine avait eu lieu, un bal qui avait été une réussite. Tu t’étais beaucoup amusé malgré le fait que ton mari n’avait pu se libérer. Tu espérais qu’il puisse venir à Londres le plus rapidement possible. D’ailleurs, tu venais de terminer un courrier dans lequel tu lui expliquais comment s’était déroulé le début de votre fille. C’était une jeune demoiselle de 18 ans, nièce du roi actuel, fille d’un landgrave allemand, tu savais qu’elle avait beaucoup de chance de trouver un bon parti, mais tu ne pouvais t’empêcher de penser qu’elle était trop jeune pour quitter le foyer familial. Elle te trouvait un peu envahissante, elle était si timide comparé à toi. Et on ajoute à cela un père protecteur, tu pouvais comprendre que ta tendre fille veuille voler de ses propres ailes.

Enfin, aujourd’hui, il n’était pas question de ta fille, mais d’une autre demoiselle. La princesse Louise de Riquet-Chimay, venu des Pays-Bas pour se trouver un époux. D’ailleurs, ses frères et sa sœur se trouvaient également à Londres. Tu avais beaucoup d’affection pour la jeune Louise et c’était donc tout naturel pour toi de l’inviter au palais, dans la demeure de ton frère, le Roi Georges IV. Tu avais pour habitude de séjourner au 38, Belgrave Square, ton Hôtel particulier à Londres, mais tu avais décidé d’inviter Louise au palais pour marquer le coup.

La princesse avait assisté au bal, mais ce n’était que le début, alors si elle avait besoin conseil, tu voulais t’assurer qu’elle sache qu’elle pouvait te consulter quand elle le voulait. C’est dans un petit salon situé au premier étage que tu attendais la princesse. Tu avais choisi ce salon, car il avait été le préféré de ta mère, mais aussi parce qu’il permettait une certaine intimité. « La princesse Louise de Riquet-Chimay, votre Altesse. » Ton domestique annonça donc la venue de la princesse que tu attendais avec impatience.

Les portes du salon ouvert, tu te levas pour accueillir ton invité du jour. La princesse tenait entre ses mains un bouquet de pivoine, tes fleurs préférés. C’était une délicate attention, cela confirma le caractère de la princesse, doux et attentionné. Tu pris les fleurs dans tes mains. Quelle délicate attention, elles sont magnifiques, les pivoines sont mes fleurs préférées. dis-tu alors que tu pris le temps de sentir leur parfum avant de les donner à une domestique. Tu t’installas sur un fauteuil et tu invitas la jeune Louise à en faire de même.

Je suis si heureuse que vous ayez accepté l’invitation, j’espère que vous vous plaisez à Londres et que cette saison sera un succès pour vous. Tu n’avais aucune crainte pour cette demoiselle, avec son titre, sa richesse et sa beauté, la princesse avait toutes les clés en main  pour faire un beau mariage. Seul ombre au tableau, une princesse devait épouser une personne de son rang alors le choix était limité, mais il était beaucoup plus affiné aussi.

Et s’il vous plait, pas de votre altesse ici. Elisabeth suffit amplement… Quand tu te trouvais en petit comité, tu avais du mal à respecter les étiquettes. “Votre altesse” c’était trop protocolaire pour toi. Tu n'étais pas une grande admiratrice de la vie de la cour et de ses codes alors dès que tu en avais l'occasion, tu délaissais les règles que l'on t'avait inculqué, et ce même pour quelques heures. Tu voulais également qu’elle soit à son aise, elle pouvait te parler en toute confiance. Alors, qu’avez-vous pensé du bal ? J’espère que vous avez fait de belle rencontre. Tu parlais bien entendu de ces messieurs, mais tu ne voulais pas être trop directe avec la princesse.

Voici une réaction qui embellissait ma journée ! J'étais heureuse que mon intention plaise à mon hôtesse et me délectais de la voir ravie par le délicat parfum des pivoines que je lui avais apportées et qui m'avaient valu une sacré aventure ce matin même dans les quartiers reculés de Londres.

Suite à son invitation, je pris place dans l'un des fauteuils qu'elle avait désigné.

" Je suis si heureuse que vous ayez accepté l’invitation, j’espère que vous vous plaisez à Londres et que cette saison sera un succès pour vous."

- Oui, je vous remercie. Il faut avouer qu'il est fort agréable de découvrir une capitale lorsque nous y avons de nombreuses connaissances et amis, cela rend l'endroit presque familier. Néanmoins Londres possède de nombreuses qualités et je m'y sens très bien. J'espère que cette saison sera tout autant un succès pour votre fille que pour moi.

J'appréciais énormément qu'elle souhaite qu'en petit comité, nous laissions tomber les formules d'usage. Il fallait dire qu'entre princesses, ponctuer chaque phrase de "Vote Altesse" pouvait rendre la conversation plutôt lourde à force. J’acquiesçais simplement la tête en assortissant ce geste d'un sourire entendu.

" Alors, qu’avez-vous pensé du bal ? J’espère que vous avez fait de belle rencontre. "

- Oh je ne vous cache pas qu'il m'a permis de me détendre quelque peu après la présentation au Roi. J'ai eu grand plaisir toutefois à retrouver mes amies et certaines connaissances ainsi qu'à faire de nouvelles rencontres. Je me suis même laissée aller à danser avec certains d'entre eux tels que le duc de Norfolk, votre cousin le prince Wilhelm ou encore Mr Dunster un américain ayant accompagné sa soeur pour la saison. Il m'a fait la surprise de m'inviter à danser sans même savoir qui j'étais. Je l'ai laissé dans l'ignorance de mon identité complète afin qu'il ne se sente pas mal à l'aise. C'était étonnant de n'être qu'une jeune fille et de délaisser mon titre pendant quelques instants.

J'interrogeais du regard la princesse Elisabeth, me demandant comment elle allait recevoir cette information. Allait-elle a réprimander pour son manque des convenances ou la féliciter pour avoir évité à un jeune homme qui ne savait pas où il mettait les pieds de faire une crise cardiaque ?

Je regrettais que le thé ne soit pas encore apporté car une bonne gorgée de ce doux nectar m'aurait permis d'avoir l'ai bien moins anxieuse que je ne l'étais en attendant la réaction de mon hôtesse.

La princesse Louise était ravie de découvrir Londres, surtout lorsqu’elle y avait des connaissances. Il est vrai qu’il était agréable de pouvoir compter sur ses amis pour passer du temps à Londres, tu savais que ta ville pouvait proposer de beaux divertissements pour une jeune fille telle que Louise. De plus, elle était une princesse, tu savais qu’elle serait sans doute le centre de toutes les attentions. Je suis ravie de vous l’entendre dire et je vous remercie, ma fille est encore jeune, je lui souhaite du succès, mais assez pour une demande en mariage. disais-tu avec un brin malicieux, ce n’était pas gentil de ta part, mais tu trouvais ta fille trop jeune pour le mariage. Ainsi, espérais-tu qu’elle s’amuse, mais pas trop.

Concernant le bal, elle t’expliqua qu’elle dansa avec un duc, un prince et un Américain. C’était sans doute une belle soirée pour la princesse, un duc et un prince, que pouvait-on espérer de mieux ? Et pour ce qui est de l’américain et d’avoir dansé sans décliner son identité, tu ne pouvais pas lui en vouloir. Cependant, elle devait rester sur ses gardes et ne pas jouer avec le feu. Et bien, il semblerait que vous avez passé une bonne soirée, le duc et le prince sont de très bon parti. Une domestique fit son entrée pour servir le thé, les biscuits et disparaitre aussi tôt. Tu savais que les domestiques pouvaient parler alors tu avais attendu qu’elle parte pour continuer. Concernant cet Américain, je ne peux pas vous en vouloir, il est agréable de ne pas être qu’une princesse. Soyez simplement prudente la prochaine fois. Ce Dunster, est-ce le frère du diamant de la saison ? Avez-vous l’intention de le revoir ou votre regard s’est-il porté sur un autre jeune homme ?

Je suis ravie de vous l’entendre dire et je vous remercie, ma fille est encore jeune, je lui souhaite du succès, mais pas assez pour une demande en mariage.

Voilà qui était une réponse des plus surprenantes. Sans doute la princesse trouvait sa fille encore trop jeune pour convoler en justes noces mais cela dit, la jeune femme était désormais en âge de se marier et constituait un excellent parti qui plus est ! Je ne doutais pas néanmoins que de nombreuses propositions allaient se succéder pour la main de cette beauté. Beaucoup verraient là une parfaite occasion de se faire une place de choix dans la société. La bienséance voulait que je ne relève pas ces propos mais je ne pus m'empêcher un sourire amusé que je cachais subrepticement en reprenant une gorgée de thé. Visiblement, si la jeune femme voulait s'amuser, sa mère toute princesse royale qu'elle était, n'était pas prête à laisser l'oisillon quitter le nid. Cela me ramenait à ma propre mère, ressent-elle la même chose nous concernant moi et ma soeur ? Redoute-t-elle cet instant où le nid princier de Chimay sera vidé de la plupart de ses membres pour se limiter à Joseph et sa future famille ? Est-ce une préoccupation qu'elle a en ce moment ? Je réalisais que j'avais pris les choses comme elles venaient jusqu'à maintenant, de façon naturelle et comme si elles coulaient de source, sans me poser plus de questions. Peut-être aurais-je dû me préoccuper plus des sentiments de mes parents ? On s'attache si peu à ce genre de choses, à ce que peuvent ressentir les autres quand les choses nous semblent si évidentes. Est-ce là une forme d'égoïsme ?

Je fus ramenée rapidement à la conversation et acquiesça aux conclusions de mon hôte concernant les deux messieurs que j'avais évoqué plus tôt. Concernant le troisième, de plus amples questions semblaient se poser.

Concernant cet Américain, je ne peux pas vous en vouloir, il est agréable de ne pas être qu’une princesse. Soyez simplement prudente la prochaine fois. Ce Dunster, est-ce le frère du diamant de la saison ? Avez-vous l’intention de le revoir ou votre regard s’est-il porté sur un autre jeune homme ?

- J'y veillerai votre Altesse. Oui il semblerait que ce soit cet homme. Si je revoyais ce monsieur, ce serait uniquement par pure coïncidence. Je n'ai aucune intention de porter plus loin que cela cet amusement passager d'autant plus, que pour répondre également à votre autre réponse, le duc de Norfolk m'a fait la surprise de me rendre visite le lendemain et de demander officiellement à être considéré comme mon prétendant. Sa démarche m'a prise de court car voyez-vous, j'étais bien persuadée qu'il n'avait eu d'yeux que pour la princesse Marie qui compte parmi mes amies proches comme vous le savez. Il semblerait qu'il en ait été tout autrement...

Je n'informais pas pour le moment son Altesse de la réponse que j'avais apporté à cette demande du duc. Avec un peu de suspens c'est bien meilleur, n'est-ce pas. Je repris une gorgée de thé afin de calmer le débit de mes paroles afin de ne pas avoir l'air de ne pas savoir tenir ma langue. Il était aisé de se sentir en confiance avec la princesse royale mais après tout, quel risque pouvait-elle apporter ? Ne s'était-elle donc pas toujours montrée d'une grande bienveillance à mon égard et n'avait-elle pas toujours souhaité guider mes pas dans les bonnes directions?

L’histoire avec cet Américain n’était que passager selon la princesse, elle avait aimé que son identité soit inconnu de cet étranger, mais cela n’ira pas plus loin.  Louise avait eu la bonne surprise de recevoir la visite du Duc de Norfolk. Elisabeth fut également étonnée que le Duc ait osé se présenter aussi rapidement chez Louise. Il n’y avait aucune raillerie envers la princesse, c’est la démarche du Duc qui étonna la sœur du roi. En effet, Ambrose n’était pas le plus sociable des hommes et il est vrai qu’elle avait pensé qu’il avait eu un penchant pour la princesse Marie. Norfolk était un des meilleurs partis du pays, à moins d’un prince, la demoiselle ne pouvait rêver mieux comme prétendant. Quelle nouvelle ! Cela m’étonne qu’il se soit présenté dans votre demeure aussi rapidement, voyez-vous, le Duc n’est pas le plus éloquent et le plus expressif des hommes. lui répondu-t-elle avec un brin de taquinerie. Dites-moi, avez-vous répondu positivement à sa demande ? Le Duc est l’un des meilleurs partis du pays, vous ne pourrez trouver mieux. Certains diront que ce n’est pas le plus important, que le jeune homme doit lui plaire, mais la réalité était tout autre, un mariage n’était qu’une alliance, s’il y avait de l’amour ou de l’affection, c’était un plus. Surtout que Louise était une princesse, elle n’avait pas le luxe de choisir un époux librement. Et je n’ai entendu que du bien de sa personne. rajouta-elle pour rassurer la demoiselle. Vu la fonction du duc, il était très proche du roi, et son frère le tenait en haute estime.