Agacé par les innombrables dandineries de la voiture, et encore plus par le fait de devoir rappeler toutes les trois minutes à Simmons, le vieux cocher un peu sourd, de mettre les chevaux au pas plutôt qu'au galop; Henry se décida tout bonnement à descendre pour continuer son chemin à pieds. Ça faisait un moment maintenant qu'ils avaient gagné St. James Park. Son bois et sa verdure resplendissaient, voire même étincelaient, d'une manière qu'on aurait pu prétendre, si la nature pouvait être personnifiée, qu'elle se pavanait et s'enorgueillait du summum de beauté qu'elle avait atteinte cette saison. En effet, bien que ce n'était plus qu'une question de jours avant le début de l'automne, aucun arbre de ce parc ne semblait déjà abrité une feuille moins verte que les autres. Mais le phénomène n'était pas qu'une affaire d'arbre, ça non, puisque sur presque toutes les promenades l'on pouvait encore observer par petits groupes, des arbustes de capucines en pleine éclosion. Il n'y avait point de doute que c'était pour voir cette étrangerie qu'autant de nobles gens s'étaient pressés au parc, ce jour-là. Il était bondé à souhait. Du jamais vu pour une heure de la journée aussi décalée.
Henry, voyant celà, soupira de découragement. S'il était venu là, à cette heure précise, c'était justement parcequ'il croyait y trouver le calme et la paix dont il avait besoin pour finir de lire son roman. Au lieu de cela, il eut l'impression que ce fut encore pire qu'au manoir, avec ces bruits d'enfants qui jouaient ou se disputaient çà et là, ou ces aboiements de chiens à tout venant. Ah les chiens ! Surtout eux ! ça ne pouvait pas plus mal tomber, trouva t-il. Honte à tous ceux qui qualifiaient de gentils ces quadrupèdes baveux ! Henry lui savait que ce n'était pas vrai. Les chiens l'effrayaient trop, et ce depuis son enfance, pour qu'il daigne rester là plus longtemps.
Le jeune homme tourna donc la tête de tout côté. Il passa au crible tous les coins des alentours, mais impossible d'apercevoir sa voiture ! Simmons s'était comme volatilisé ! Pourtant il lui avait bien recommandé de rester sur les allées, non ? Oh ciel, l'avait-il entendu au moins ? Mais n'ayant pas le temps de réfléchir davantage, Henry sentit qu'on lui tirait le bras. Il se retourna et vit à peine le visage de son agresseur étant donné que celui-ci venait de prendre la poudre d'escampette, emportant avec lui son butin, c'est-à-dire le roman de l'anglais. « Hey mais… Reviens tout de suite ! Lança aussitôt le de Richemond, lui-même s'étant aussi mit à courir après l'étrange bête. Tu vas t'arrêter, oui ! Rends-moi mon livre petit garnement ! » La bête, qui n'était autre qu'un assez grand chien couvert d'un manteau de poils blancs et noirs, ne ralentit pas d'un pouce. Même qu'elle accéléra, l'air de prendre cela pour un jeu.
À un moment cependant, le chien freina. Henry derrière lui s'arrêta par précaution et l'observa. Sans véritablement comprendre, le grand brun vit l'animal poser son livre au pied de quelqu'un, une jeune femme, et que ne fut sa surprise en découvrant le visage de @Myriel C. Fraser! « Miss Frazer ? » tout en demeurant bien à distance, le jeune homme poursuivit « Il est à vous ce diabloti..Euh je veux dire, serait-ce possible de récupérer mon livre s'il-vous-plaît ? Votre… fougueux ami me l'a dérobé tout à l'heure »