Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €


I'm drowning [Louise]

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
─ Messages : 99
─ Shillings : 1266
─ Avec nous depuis : 23/07/2021
─ Localisation : Burlington House, Londres
─ Emploi : Princesse française de sang
─ Titre : Son Altesse Royale, la Princesse Angélique Eléa de Bourbon d'Orléans, nièce du futur Roi Régent Louis-Philippe 1er de France
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue600/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (600/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   


I'm drowning...



Depuis qu'elle était rentrée de la Garden Party, Angélique flottait dans un monde étrange auquel elle n'entendait plus rien. Les ombres dansaient autour d'elle et lui saisissaient la gorge autant que le corps dans une strangulation qui la privait d'air. Elle vivait en apnée depuis cette nuit et se sentait comme dépossédée de son âme. Elle avait la sensation de ne plus être qu'une coquille vide. Qu'une poupée qu'on aurait posé là et qui ne pouvait plus faire autre chose que d'observer ce qui se passait. C'était comme être de l'autre côté d'un miroir et observer sa vie à travers celui-ci, ou plutôt son enveloppe charnelle être menée d'un endroit à l'autre tandis que son regard demeurait perdu dans ce vide immense.
Dans la prison de ses pensées troubles, les mots de William raisonnaient sourdement, de même que les répliques cinglantes de Wilhelm... Angélique se sentait à nouveau chuter alors que son fiancé lui arrachait son bras pour la planter là mais la chute était sans fin.
Assise à sa coiffeuse, la jeune femme baissa ses yeux sur ses mains comme elle y éprouvait la sensation des gravillons. Elle n'y trouva plus que quelques égratignures mais la brûlure était vive... A moins qu'il ne s'agisse de celle qui écartelait son cœur depuis des heures...?  

La Princesse perçut à peine la révérence de ses servantes qui se retiraient après avoir achevé de s'occuper d'elle. A travers le voile de larmes qui embuaient constamment ses yeux depuis cette horrible nuit, elle contempla son propre reflet sans se voir vraiment.
Que regardait-elle au juste...?  Son désespoir ? Son malheur ? Sa détresse ? Tout à la fois...? Angélique s'était laissée porter par les événements alors qu'en état de choc, elle avait été incapable d'y réagir sur le moment. Elle était demeurée muette face à la requête de son père auprès du Roi de plus et encore et toujours muette lorsqu'il l'avait faite conduire jusqu'à leur attelage puis raccompagner chez eux. Telle une automate elle s'était laissée mener, déshabiller, baigner, coiffer, coucher... Il en avait été de même au levé. Morphée n'était pas venu la visiter cette nuit et ses yeux étaient gonflés par le manque de sommeil autant que par ses trop nombreuses larmes versées.
Angélique avait la sensation d'avoir remonté le temps et de se retrouver exactement là où elle était un mois plus tôt alors qu'elle venait d'apprendre le décès de sa mère. Ou pire, que les deux douleurs, se rencontraient pour imploser en son corps qui était bien trop frêle pour supporter une telle quantité de douleur...
Comme elle aurait aimé que sa mère soit là... Que Alexis soit là... Elle se sentait tellement seule ! Tellement perdue !

C'est alors que d'un bond, comme si son être venait d'être frappé de vie à nouveau, elle se leva de son tabouret et courut hors de ses appartements jusqu'à la Cour extérieur où un attelage toujours prêt à partir attendait. Le froid matinal lui mordit la peau instantanément. Angélique donna l'adresse au cocher d'une voix étranglée et s'engouffra dans l'habitacle le cœur battant, appuyant son visage contre la fraîcheur de la vitre. Elle avait soudain si chaud qu'elle avait la sensation d'étouffer. Elle se perdit dans ses sanglots et tira les rideaux de la voiture afin de demeurer à l'abri des regards.
Le trajet lui parut interminable bien que sa destination n'était pas si loin mais le temps avait visiblement décidé lui aussi de s'amuser à ses dépends et d'étirer ses secondes. Lorsque la voiture s'arrêta enfin, la Princesse n'attendit même pas que le valet vienne lui ouvrir. Elle sauta à bas de l'attelage et gravit les marches du perron de la demeure de sa meilleure amie pour frapper à la porte.

- Princesse Angélique...?

Il était diablement tôt et elle en avait conscience, ou non car elle avait perdu toute notion du temps mais elle n'y pensait même pas. Elle voulait juste voir Louise. Elle avait BESOIN de voir Louise ! Elle était tout ce qui lui restait désormais et à cet instant Angélique ne savait pas comment exister sans ses bras pour la porter.
Elle entra dans la résidence sans attendre d'y être invitée et traversa le grand hall pour monter les escalier jusqu'à l'étage et les appartements de Louise :

- Louise ! pleura-t-elle. Louise ouvre moi je t'en prie ! Louise ! Je... Je...!

Ayant quitté sa léthargie, Angélique ressentait désormais toute la réalité de sa situation et s'en sentit terrassée, submergée. Au bout d'elle-même, elle se laissa glisser le long de la porte de sa meilleure amie pour finir au sol, son visage enfouit dans ses mains alors qu'elle éclatait en sanglots.
Des serviteurs sans doute attirés par le bruit inhabituel de si bonne heure tendirent quelques têtes curieuses afin de voir ce qui se passait dans le couloir. La vision de la Princesse de France transie de froid et étendue au milieu de ses étoffes de soie à verser toutes les larmes de son corps allait sans doute leur faire de quoi jaser et briller de leur racontars parmi leurs semblables au jour du marché !



Louise de Riquet-ChimayMembre
Louise de Riquet-Chimay

 
─ Messages : 180
─ Shillings : 2904
─ Avec nous depuis : 29/07/2021
─ Localisation : Londres pour la saison
─ Emploi : Noble
─ Titre : Princesse de Chimay
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue585/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (585/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   

I'm Drowning... - 6 juillet matin


La garden party donnée par le Royaume de Prusse au palais royal avait promis d'être l'évènement le plus réussit de la saison. Toutefois il ne restait qu'un évènement en demi-teinte à mes yeux. Il avait certes été l'occasion de présenter mon prétendant à ma mère et d'être présentée à sa famille à mon tour mais nos échanges avaient été rapidement interrompus par une nouvelle frasque de mon jeune frère Gabriel. Une fois de plus tous les commérages étaient rivés sur lui et son manque de tenue. Père ne laisserait pas passer cette fois. Heureusement, ma mère était présente pour étouffer rapidement le scandale mais il était certain que le mal était fait. Elle ne ferait que limiter les dégâts.

Rapidement secourue par mon amie la princesse de France, j'eus aussi l'occasion de pouvoir enfin rencontrer son fiancé, ce qui me ravit. Toutefois je ne sais pas pourquoi mais même si par son attitude à la garden party je ne pouvais pas lui reprocher quelque défaut, mon instinct me disait que cet homme ne méritait pas l'affection que mon amie lui portait. Si rien ne prouvait se pressentiment, mon instinct ne me trompait que rarement. Je gardais cela pour moi, Angélique avait bien trop souffert ces derniers temps pour lui infliger des doutes sur la seule chose qui pour le moment, lui apportait un minimum de joie et de bonheur dans son quotidien.

Si j'étais restée la plus grande partie de la soirée en compagnie du duc de Norfolk pour mon plus grand plaisir, il nous fallut ensuite nous détacher du groupe pour présenter nos respects à la famille royale de Prusse ainsi qu'aux autres familles royales qui avaient fait le déplacement. Ainsi, le reste de la soirée n'avait été que devoir familial. Ma mère ne se sentant pas bien (ou peut-être souhaitait-elle profiter que Gabriel soit encore à la maison pour lui passer quelque soufflante ?), nous avons quitté la soirée relativement tôt à mon plus grand désespoir. De sorte que je n'étais pas au courant de la façon dont les choses s'étaient terminées.

J'étais rentrée, avait laissé ma mère s'occuper de Gabriel et était montée dans ma chambre où notre femme de chambre qui était encore debout, entreprit de me préparer pour le coucher. J'échangeais quelques mots avec ma soeur sur nos impressions sur la soirée et partir me coucher.

Heureusement que j'avais passé une bonne nuit car au petit matin, un vacarme m'arracha à mon sommeil. Les yeux grands ouverts, je tendis l'oreille pour entendre ce dont il était question. La discussion entre Gabriel et ma mère s'était-elle à ce point si mal passée pour que ce dernier - pourtant peu matinal d'ordinaire - ne fasse un esclandre au petit matin ? Le silence s'était fait mais j'entendais des sanglots en provenance de la porte de ma chambre. Ce ne pouvait être Thérésia, je l'avais quittée de bonne humeur hier soir. Curieuse et inquiète j'enfilais au plus vite une robe de chambre et alla ouvrir la porte.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir tomber à mes pieds une princesse de France qui loin du faste dans lequel on la plaçait de gré ou de force au quotidien, ne ressemblait plus qu'à un bout de chiffon froissé.

- Oh mon Dieu, Angélique ! Mais que s'est-il donc passé ?... mère... mère ... MÈRE !!!

Sans réfléchir plus amplement, je m'agenouillais au sol à côté de mon amie et la tira contre moi dans la chambre à la fois pour la relever mais surtout pour la prendre dans mes bras. Visiblement elle avait plus besoin de se sentir réconfortée et en sécurité plus que de tout autre chose sur terre.

M'entendant crier, ma mère débraqua en toute hâte dans ma chambre et vit la scène, horrifiée. Jetant un oeil aux domestiques, elle prit rapidement l'étendue de la situation. J'aimais cela avec ma mère, nous n'avions pas forcément besoin de nous parler pour nous comprendre. Elle ferma la porte de ma chambre, enjoignit Thérésia et Gabriel de retourner se coucher et s'occupa des domestiques. Fort heureusement, ces derniers étaient des personnes extrêmement loyaux envers notre famille (c'était d'ailleurs l'une des conditions de leur embauche) de sorte qu'il y avait peu de chance que la situation ne s'ébruite. En tout cas pas de la part de l'une des personnes travaillant dans notre maison. Ma mère n'aurait pas supporté vivre à un endroit où elle ne pouvait pas se sentir parfaitement libre à cause des cancaneries du personnel. C'était une chance dans la situation présente.

Je laissais Angélique pleurer de tout son saoul contre moi et me contentais dans un premier temps de la câliner, lui prodiguant également quelques caresses dans le dos, cela avait toujours le don de m'apaiser donc je ne doutais pas qu'il en soit de même pour mon amie. Je prononçais des paroles douces afin de tranquillement l'aider à se calmer. Je n'avais aucune idée de ce qui l'avait mise dans cet état mais la connaissant comme une soeur, la situation devait être des plus graves. C'est très certainement ce qui m'inquiétait le plus. J'attendis que ses larmes se tarissent et qu'elle se calme avant de reprendre la parole dans un murmure tout en gardant la princesse lovée dans mes bras.

- Dis-moi tout. Que se passe-t-il Angie ?

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
─ Messages : 99
─ Shillings : 1266
─ Avec nous depuis : 23/07/2021
─ Localisation : Burlington House, Londres
─ Emploi : Princesse française de sang
─ Titre : Son Altesse Royale, la Princesse Angélique Eléa de Bourbon d'Orléans, nièce du futur Roi Régent Louis-Philippe 1er de France
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue600/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (600/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   


I'm drowning...



Elle était telle une pierre coulant inexorablement dans la rivière de son malheur. Angélique sentait sa poitrine lourde. Si compressée que respirer lui était difficile. Chacun de ses sanglot était un appel d'air désespéré qui lui brûlait les poumons. Elle avait mal à en hurler et pour la première fois de sa vie, c'était ce qu'elle faisait, là, contre la porte de Louise.
Même au décès de sa mère, Angélique ne s'était pas permise une telle liberté quant à ses émotions. Elle avait pleuré bien sûr. Tellement qu'elle avait cru que ses larmes étaient intarissables mais elle avait observé la retenue que l'on attendait d'elle de par son rang. Elle s'était efforcée de vivre son deuil avec "élégance et dignité" comme on le lui avait demandé, même si elle avait trouvé la chose absurde au delà d'être horriblement difficile... La seule aide qu'elle avait eu durant ce moment douloureux, était que sa mère la Princesse d'Orléans couvait son mal depuis quelques mois et qu'elle était partie doucement. Angélique s'y était donc en quelque sorte "préparée" à sa disparition bien que rien n'aurait pu la rendre prête à ne plus avoir sa mère à ses côtés.
Mais là, tout était arrivé trop vite et de façon bien trop abrupte ! Angélique n'avait rien vu venir et était d'ailleurs encore confuse quant à tout cela. Elle pleurait comme si ses larmes avaient le pouvoir d'exorciser la torture qu'elle ressentait mais rien n'y faisait. Elle était la proie de son chagrin et il la piquait de ses épines, déversait son poison sous sa peau.

Lorsque la porte de Louise s'ouvrit, la Princesse de France, qui n'avait plus rien de princière, était repliée en boule sur elle-même, ses bras pressés contre son ventre aux entrailles déchirées. Elle trouva refuge contre sa meilleure amie et s'accrocha à elle avec un désespoir bouleversant, comme si elle était la seule chose capable de l'empêcher de sombrer totalement. Elle était le fil la raccrochant au semblant de raison qui lui restait...
Elle suivit le mouvement de Louise sans trop savoir si elle la relevait ou la trainait à l'intérieur de ses appartements. Sans doute y avait-il un peu des deux... Sa vision était si embuée qu'elle ne distinguait plus rien. Rien d'autre que les cheveux dorés de sa meilleure amie qui étaient tel un rayon de lumière dans l'obscurité qui l'engloutissait. Même l'intervention de sa marraine auprès de la domesticité ne l'interpela. Angélique était égarée dans ce monde trop vaste pour elle et pourtant terriblement étouffant.

Le temps s'étira à sa guise autour des deux princesses. Angélique pleura, pleura et pleura encore, jusqu'à ce que finalement son corps épuisé - ou tari - ne finisse par se calmer. La tension de son corps la quitta et Angélique s'alourdit contre Louise, s'affaissant sur elle telle la poupée de chiffon qu'elle était désormais. Elle sentait ses yeux et ses lèvres gonflées et desserra ses poings qu'elle avait gardé agrippés à Louise tout ce temps.
Doucement, Angélique se redressa alors qu'elle parvenait à reprendre possession de ses moyens mais elle ne s'écarta trop loin de sa meilleure amie pour autant car elle avait peur de s'écrouler à nouveau si elle perdait son contact.

- Je...

Sa voix était enrouée et ses cordes vocales comme traumatisées d'avoir trop crié. Il lui fallut un instant pour s'éclaircir la gorge et parvenir à parler correctement à nouveau.

- Je dois épouser Wilhelm de Prusse... Je ne veux pas Louise ! Je ne veux pas !

Le dire à voix haute rendait tout ça trop réel et la fit replonger dans sa détresse. Angélique enfouit son visage entre ses mains et éclata une fois de plus en sanglots.

- Je veux épouser William !

William qu'elle aimait.
William qui l'aimait aussi. Il le lui avait promis de nombreuses fois après tout...




Louise de Riquet-ChimayMembre
Louise de Riquet-Chimay

 
─ Messages : 180
─ Shillings : 2904
─ Avec nous depuis : 29/07/2021
─ Localisation : Londres pour la saison
─ Emploi : Noble
─ Titre : Princesse de Chimay
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue585/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (585/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   

I'm Drowning... - 6 juillet matin


Les propos de mon amie me laissèrent perplexe et me choquèrent à la fois. Comment se faisait-il qu'Angélique se retrouve à devoir épouser le prince de Prusse alors qu'elle se trouvait être déjà fiancée ? Si ce n'était pas l'état dans lequel se trouvait la princesse se trouvait des personnes moins bienveillantes et moins compréhensives lui reprocherait de ne pas aimer se trouver au centre d'attentions masculines. Et en vérité, était-ce vraiment de l'attention ? Je connaissais suffisamment Wilhelm de Prusse pour savoir qu'il y avait anguille sous roche. Il se savait incapable d'aimer sa future épouse et aurait refusé de faire subir une telle situation à une jeune femme aussi idéaliste qu'Angélique, fusse-t-elle avant tout une femme de devoirs.

Il s'était définitivement passé quelque chose mais je voyais bien que mon amie n'était absolument pas en état de dire quoi que ce soit. Elle était totalement dans sa souffrance.Je me sentais impuissante à l'aider, excepté pour lui offrir une épaule sur laquelle pleurer. Alors que ses larmes jaillirent de nouveau et qu'elle les étouffa en cachant son visage dans ses mains, je reprenais mon amie dans mes bras.

Nous étions toujours au sol mais je ne savais pas si Angélique avait la force de se lever. Je ne l'avais encore jamais vue dans cet état. Bien évidemment la perte de sa mère l'avait beaucoup touchée et elle l'avait pleurée mais elle s'y attendait. Même si nous n'étions jamais prêts à perdre nos proches, elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour atténuer la douleur qu'elle allait de toute façon ressentir. Là ce n'était pas la même chose, c'était soudain, presque violent. Je remarquais qu'à travers la douleur qu'elle ressentait aujourd'hui, c'était toute la souffrance accumulée ces derniers mois entre la perte de sa mère, la disparition tenue secrète de son frère qui jaillissait aujourd'hui. Cela faisait trop pour elle et comment ne pas le comprendre ?

Je profitais d'un nouveau moment de calme pour l'interroger à nouveau et comprendre.

- Mais tu l'épouseras ton William puisque ta main lui a été offerte. Comment se pourrait-il que tu épouses le prince de Prusse. Cela n'a aucun sens. A moins que...

Je tournais et retournais les possibilités dans ma tête et à peine j'osais prononcer la suite.

- Angélique... Se pourrait-il qu'il t'ait compromise ?

Là encore, cela n'avait pas de sens car même si je savais le prince de Prusse très charmant, Angélique était un modèle de bienséance de sorte que jamais il n'aurait été concevable qu'elle tombe sous son charme. Toutefois la connaissant, il aurait été possible que par pure innocence, elle se soit mise dans une situation pouvant laisser croire qu'elle l'avait été.

J'interrogeais mon amie du regard. Elle avait la force d'aller au bout et de m'expliquer. Une fois que les choses seront plus claires, je saurais peut-être trouver comment lui venir en aide. Toutefois je n'avais pas besoin de dire ces choses pour qu'elle le sache. Elle savait parfaitement que moi et ma famille la soutiendrions. Angélique était une femme tellement raisonnable que nous savions que nous ne risquerions pas grand chose à prendre son parti. Elle était à mes yeux un modèle de loyauté, de droiture et de vertu. Je n'imaginais pas un seul instant pouvoir me tromper sur cette question.

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
─ Messages : 99
─ Shillings : 1266
─ Avec nous depuis : 23/07/2021
─ Localisation : Burlington House, Londres
─ Emploi : Princesse française de sang
─ Titre : Son Altesse Royale, la Princesse Angélique Eléa de Bourbon d'Orléans, nièce du futur Roi Régent Louis-Philippe 1er de France
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue600/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (600/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   


I'm drowning...



Les mots d'Angélique étaient étouffés entre ses mains pressées contre son visage ravagé de larmes. Elle qui était toujours tellement dans la maîtrise d'elle-même, ne maîtrisait plus rien. Son corps était livré à ses émotions et elles étaient comme un orage. Un orage qui tonnait à ses oreilles et raisonnait dans tout son être, la laissant transie et sanglotante.
Angélique était effrayée de ce qu'elle ressentait car jamais de sa vie encore elle n'avait éprouvé une telle angoisse. Elle avait ses tracas bien entendu, entre la mort récente de sa mère et la disparition de son frère, mais elle s'était raccrochée à William justement. A l'idée que bientôt, elle l'épouserait. C'était sa joie et son espoir. Parce qu'il l'aimait, William. Qu'elle était certaine que elle aussi et qu'elle serait heureuse avec lui. Angélique aimait sincèrement son père mais elle s'étiolait à ses côtés tant sa main sur elle était forte. Antoine voulait tellement tout contrôler de sa fille que c'était à peine si la princesse pouvait respirer librement. Elle avait espoir qu'avec le futur Duc, ce serait différent. Après tout il était toujours prévenant avec elle... Il lui demandait si elle allait bien et ce qui lui ferait plaisir de boire ou manger lors des mondanités. Si il choisissait les lieux de leurs rendez-vous, elle pouvait choisir quel sentier emprunter lors de leurs promenades ou sur quel tableau s'attarder dans les expositions. Elle se languissait de cette liberté que William lui offrait, même si elle ne mesurait pas combien il lui en laissait peu en vérité. C'était lui qu'elle désirait épouser et à présent, tout était annulé... Angélique avait la sensation que la terre s'ouvrait sous ses pieds et qu'elle se balançait au dessus d'un gigantesque précipice prêt à l'engloutir. Louise était la seule chose la retenant de tomber.

La princesse se laissait aller dans l'étreinte de sa meilleure amie. Son cœur saignait au point que chaque battement lui donnait la sensation d'aspirer sa vie plutôt que de la lui insuffler. Elle laissa ses doigts glisser de son visage mouillé par ses pleurs jusqu'à sa poitrine douloureuse contre laquelle elle les pressa.

- Mais tu l'épouseras ton William puisque ta main lui a été offerte.

Angélique secoua la tête pour détromper son amie. Non elle ne l'épouserait pas... Elle ne l'épouserait plus... Seigneur elle revoyait le visage de son ancien fiancé. Ses mots si durs firent écho à ses oreilles et lui brisèrent un peu plus le cœur, de même que le souvenir de la vision de lui s'éloignant en la laissant au sol après lui avoir arraché son bras par lequel elle avait tenté de le retenir et plaider sa cause.

- Comment se pourrait-il que tu épouses le prince de Prusse. Cela n'a aucun sens. A moins que... Angélique... Se pourrait-il qu'il t'ait compromise ?

La Princesse dévisagea sa meilleure amie, visiblement perdue. William lui avait posé la même question... S'était-elle compromise ? Elle était prête à jurer que non mais visiblement elle avait bel et bien fait quelque chose d'assez alarmant pour que son fiancé la répudie et que son père demande réclamation au Roi de Prusse...

- Je... Je ne sais pas... répondit-elle avec autant d'innocence que de sincérité.

Elle ne savait même pas ce que cela signifiait exactement ; être compromise. Angélique avait grandi en France où les codes étaient bien moins strictes qu'ici en Angleterre où tout était si guindé. En tant que Princesse, elle connaissait bien entendu le protocole et convenances des Cours voisine de sa patrie mais certaines choses demeuraient abstraites pour elle, pour ne pas dire totalement inconnues. Comme bien entendu les choses intimes possibles entre un homme et une femme... Sa mère n'avait pas eu le temps de lui enseigner cela et Antoine n'en avait évidemment pas pris l'initiative !

- J'ai eu la confirmation un peu avant le bal qu'Alexis a été blessé avant de disparaître en Prusse... J'étais bouleversée alors père m'a autorisé à aller respirer un peu dehors. Le Prince était là aussi...

Angélique essuya ses yeux et renifla doucement. Ses yeux gonflés la brûlaient et la tiraillaient tant elle avait pleuré mais elle parvint néanmoins à parler avec un peu plus d'aisance.

- J'ai voulu prendre congé immédiatement mais dans mon empressement j'ai trébuché et je me suis foulée la cheville... Il... il m'a aidé à marcher jusqu'à la fontaine pour que je puisse y tremper mon pied blessé et a offert d'aller chercher de l'aide auprès de mon père mais William est arrivé et il... Louise il a dit des choses horribles...

Elle avait du tant le décevoir pour qu'il puisse prononcer de tels mots... Elle était incapable d'oublier le mépris de son regard sur elle. Jamais il ne l'avait regardé ainsi... Jamais il ne lui avait parlé sur ce ton... Elle avait cru voir un autre homme. Un qu'elle ne connaissait pas et découvrait pour la première fois...

- Il m'a posé la même question que toi mais quoi que vous vouliez dire je te jure que je n'ai rien fait de déshonorant ! Ni avec le Prince ni avec personne ! J'ai juste relevé un peu ma robe pour ne pas la mouiller en trempant mon pied rien de plus !
William a dit qu'il ne pouvait plus m'épouser en sachant que je m'étais retrouvée seule avec le Prince... Il n'a même pas voulu m'écouter...


Angélique essuya une nouvelle fois ses yeux. Son corps fut secoué d'un petit sanglot alors que ses poumons cherchaient à l'oxygéner à nouveau.

- Mon père a exigé que le Prince m'épouse et le Roi a consenti... Je ne veux pas épouser Wilhelm, Louise... répéta-t-elle alarmée.

A lui non plus, elle était incapable d'oublier son expression lorsqu'il avait accepté l'ordre de son père quant à leur future union. Sa fureur avait été si palpable qu'Angélique l'avait senti se poser sur ses épaules. Il l'effrayait... La perspective d'une vie à ses côtés, l'effrayait.
Car à l'évidence, Wilhelm ne voulait pas d'elle et elle savait qui plus est que son cœur était à une autre. Une double sentence pour la princesse de France qui était persuadée jusqu'à il y a encore quelques heures d'être assez chanceuse pour faire un mariage d'amour... Un privilège qu'elle n'avait jamais osé espérer. Depuis toute jeune on lui avait enseigné son devoir envers la couronne. Elle l'avait accepté sans difficulté. Puis il y avait eu William.
Hors désormais il n'y avait plus de William. Il y avait Wilhelm.




Louise de Riquet-ChimayMembre
Louise de Riquet-Chimay

 
─ Messages : 180
─ Shillings : 2904
─ Avec nous depuis : 29/07/2021
─ Localisation : Londres pour la saison
─ Emploi : Noble
─ Titre : Princesse de Chimay
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue585/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (585/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   

I'm Drowning... - 6 juillet matin


J'écoutais avec le plus grand intérêt les explications de mon amie. À la fois car la situation était d'importance mais également parce que, sous le coup de son intense émotion, elle avait les plus grandes difficultés à s'exprimer sans que ses propos ne soient entrecoupés de sanglots. J'avais eu l'occasion de la voir se lâcher un peu dans l'intimité de son animalerie, une fois que personne ne l'observait mais cette prise de liberté était toujours joyeuse. Sa détresse là était toute autre et bien réelle.

Elle m'expliquait alors ce qu'il en était. Je compris alors. En effet, il n'y avait bien peu de choses pour crier au scandale tant du côté du fiancée d'Angélique du point de vue paternel. Trop peu de choses pour justifier l'abandon de fiançailles au profit de nouvelles. Il y avait visiblement anguille sous roche. Toute la question était : dois-je partager mon sentiment avec mon amie? Sans doute. Après tout, ma loyauté et mon amitié ne sont jamais allées à son père mais bien à Angélique, encouragées par nos mères.

- C'est en effet bien faible pour crier au scandale. D'autant plus que si le prince Whilelm est un personnage sulfureux, ce dernier a toujours sauvé les apparences justement pour préserver sa réputation. Il y a anguille sous roche.

Je serrais de nouveau mon amie dans mes bras afin de lui chuchoter tout bas de façon aussi rassurante que les mères le font avec leur progéniture.

- Tu n'as rien fait de mal ni de répréhensible ma chérie, rassures-toi. Il semblerait qu'une fois de plus, tu aies été la malheureuse victime d'intrigues politiques menées par ton père et dont lui seul a le secret...

J'avais toujours privilégié l'honnêteté dans notre amitié aved Angélique et je pense que c'est une des choses qui nous a le plus soudées. Nous savions parfaitement que nous oouvions avoir confiance l'une en l'autre. Cela faisait beaucoup de bien de savoir que nous avons une amitié véritable, sans avoir à se demander s'il n'y a pas là un quelconque et froid calcul politique.

- J'imagine bien que cela ne pansera pas tes blessures mais je pense que le prince Wilhelm est tout autant victime de cette vilaine supercherie que toi. Tu pourrais sans aucun doute trouver en lui un allié inestimable. D'autant plus, il est extrêmement respectueux surtout quand il nourrit de l'estime pour la personne. Tu connais notre passif et tu sais bien que je parle en connaissance de cause. Tu aurais pu bien plus mal tomber. En revanche, je ne m'explique pas que ton William ait lâché si facilement ta main. À mon avis, quelque chose se trame là-dessous. Es-tu vraiment sûre que ses sentiments étaient biennsincères et non feints ?

Je laissais à mon amie le temps de réfléchir à ces questions. En tout cas je la plaignais bien grandement. Décidément... la princesse semblait d'une oeil extérieur, être bien chanceuse, vue de l'intérieur, je me disais qu'elle était bien douée de malchance. Moi qui ne voulais que son bonheur, depuis quelques mois le sort semblait s'acharner sur elle.

Je lui souhaitais néanmoins qu'après une période aussi sombre, un peu de lumière éclairerait enfin son chemin.

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
─ Messages : 99
─ Shillings : 1266
─ Avec nous depuis : 23/07/2021
─ Localisation : Burlington House, Londres
─ Emploi : Princesse française de sang
─ Titre : Son Altesse Royale, la Princesse Angélique Eléa de Bourbon d'Orléans, nièce du futur Roi Régent Louis-Philippe 1er de France
 
Cartes de visite
─ Réputation:
I'm drowning [Louise] Left_bar_bleue600/1000I'm drowning [Louise] Empty_bar_bleue  (600/1000)
─ Statut Rp:
─ Profil Rp:

   


I'm drowning...



Angélique se laissait emporter par son chagrin autant que son désespoir et que sa déception. Car oui, elle était déçue. Il lui était impossible de prétendre le contraire. Elle avait appris au fil des derniers jours à estimer Wilhelm et à dépasser la première impression qu'il lui avait faite, mais c'était William dont elle était persuadée être amoureuse et qu'elle désirait épouser. Le futur Duc l'aimait, il le lui avait dit ! Il avait eu des mots durs à s'en encontre dans les jardins après l'avoir surprise seule avec le prince, mais elle était apparemment en faute de cela. Autrement jamais il ne lui aurait parlé de la sorte. Si seulement il lui avait laissé une chance de lui expliquer !
Seigneur qu'allait-elle faire à présent ? Allait-elle réellement être contrainte d'épouser le Prince de Prusse ? Son père paraissait déterminé quant à la question et celui de Wilhelm avait également consenti. La date n'était pas encore convenue, mais Angélique avait comme l'impression que quelle qu'elle soit, cette dernière arriverait toujours bien trop vite...
Elle savait que son devoir était de faire ce que lui disait Antoine et d'épouser l'homme qu'il désignerait pour elle. Elle avait toujours grandi et vécu dans cette acceptation mais depuis que son père avait accepté que William de Kent la courtise, Angélique s'était totalement abandonnée à ce rêve qu'elle avait jusqu'alors cru inaccessible.
Ce dernier venait de se briser de la pire des façons... William lui en voulait assez pour avoir rompu leurs fiançailles, quand cela était pourtant le privilège d'une dame. Si cela se savait, qui sait ce que les gens penseraient ! Se diraient-il la même chose que lui ? Que Louise...? Qu'elle avait été compromise par Wilhelm de Prusse bien qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait bien signifier ?
Quant à lui... son désormais nouveau fiancé, elle était incapable d'oublier son visage lorsqu'il avait accepté l'ordre du Roi de l'épouser. Sa colère avait été si palpable qu'elle avait raisonné dans tout le corps d'Angélique qui en tremblait encore. Son regard... Son expression... Wilhelm ne voulait pas de ce mariage et encore moins d'elle. Il avait cette autre femme dans le cœur et dans la tête. Et pour le peu qu'elle savait, il devait lui en vouloir également de s'être retrouvé dans pareille position par sa faute.
Si seulement elle parvenait au moins à savoir ce qu'elle avait fait pour que tout s'écroule de la sorte !

- C... Comment ça, sanglota-t-elle.

Ses yeux la brûlaient d'avoir trop pleuré. Ses larmes semblaient s'apaiser, mais sans doute parce qu'elle n'en avait plus aucune à verser. Angélique essuya ses joues pour la dixième fois au moins et releva son visage vers son amie. Que voulait-elle dire par "il y a anguille sous roche" ?

- Non il... il a accepté que William me courtise et il lui a accordé ma main  ! Si il n'avait pas été d'accord il ne nous aurait jamais permis de nous fiancer ?

Elle ne pouvait pas croire que son père aurait pu faire cela. C'était impossible. Comment aurait-il pu deviner qu'elle tomberait sur le Prince dans les jardins ? Et comment aurait-il pu prévoir la réaction de William ? La dévotion d'Angélique envers son père l'empêchait d'envisager un tel scénario.

- Tu ne l'as pas vu... Si il avait un peu d'estime pour moi je crois qu'à présent il me déteste de devoir être contraint de m'épouser...

Angélique déglutit difficilement cette boule d'angoisse qui lui nouait la gorge. Quel serait son avenir désormais, si elle se mariait à un homme qui la méprisait ? Epouser un étranger et aller vers l'inconnu était une chose. Epouser quelqu'un qu'elle savait furieux et avoir conscience du fait d'être indésirée en était une autre.
Et pourtant, elle n'avait pas le choix...

- Pourquoi tu dis toutes ces choses Louise ? se recroquevilla Angélique, une douleur sourde soudain dans sa poitrine.

La princesse se sentait totalement perdue et elle ne comprenait pas pourquoi sa meilleure amie évoquait toutes ces théories aussi invraisemblables qu'horribles à envisager.
William qui ne l'aimait pas vraiment ? Son père qui orchestrait leur rupture ?

- Il m'a dit qu'il m'aimait ! Et... tu l'as vu avec moi non ? Il a toujours été un parfait gentleman !

Il avait été si rare pour elle de recevoir ouvertement de l'affection par un autre homme que son frère qu'elle avait prit tout ce que William lui donnait comme une preuve d'amour fou. Elle ignorait tant ce que pouvaient être de réels sentiments...  




Contenu sponsorisé

 
 

   

 
TopBot