(loterie RP - Ailean & Louise) Dîner mondain.

Un dîner au sein de la noblesse, un dîner où presque tous les bons partis de l'Angleterre étaient invités en même temps que les gens incontournables de ce monde, les gens qu'il fallait absolument connaître. Comment aurais-je pu l'éviter alors que je me trouvais à Londres ? Je crois que jamais je n'ai vu ma mère si excitée que j'aie accepté une invitation.

Le dîner était correct, aussi raffiné et chargé qu'on pouvait s'y attendre lors d'un tel évènement. Sans surprise donc pour moi. Je savais apprécier une bonne table et là où j'avais été placé, la compagnie n'était pas désagréable. Le repas prit fin et c'est là que le vrai sens de ce dîner allait apparaître. L'après était sans doute le plus important car c'était dans le salon que les relations se nouaient et se défaisaient. On m'apporta un café alors que je n'avais pas encore pris place dans un fauteuil et je ne le refusais pas, comme il se devait. C'est alors qu'un bon ami de mon père vient vers moi pour me parler d'une personne à qui il devait absolument me présenter : la princesse de Chimay, Louise Riquet de Caraman-Chimay. Je n'aurai jamais su refuser et je l'accompagnais donc vers la demoiselle en question, qui, bien entendu, n'était point seule, mais en compagnie de la maitresse de maison que j'avais déjà saluée en arrivant. Celle-ci s'éclipsa presque immédiatement pour aller converser avec un autre convive et l'ami de mon père fit les présentations. Je m'inclinais alors devant la princesse en lui faisant un baise-main comme la coutume le désirait, en effleurant seulement de mon souffle sa main et non de mes lèvres comme un roturier le penserait.

« Princesse Riquet de Caraman-Chimay, je suis honoré de faire votre connaissance »

Il était inutile que je lui redonne mon nom étant donné que je venais d'être présenté à elle, mais je me devais d'utiliser son titre pour la saluer comme il se devait.

« La soirée vous est-elle plaisante ? »

Depuis que j'étais revenue à Londres, les invitations pleuvaient. Bien sûr, je ne pouvais (et même ne devais) pas toutes les accepter, sans quoi il me faudrait me démultiplier mais à d'autres moments, je me devais tout simplement d'accepter et le dîner de ce soir faisait partie de ces occasions. Il s'agissait d'un dîner mondain somme toute habituel en apparende mais dont les convives étaient semble-t-il, particulièrement triés sur le volet. Je me devais donc de m'y rendre. Étant avec Gabriel, les seuls de la famille princière de Chimay, présents à Londres, nous avions tous deux le devoir de représenter la principauté lors des évènements qui comptaient.

J'avais été accueillie on ne peut plus chaleureusement par nos hôtes. Je fus même conduite à table par le maître de maison et placée à côté de lui. Visiblement j'étais l'invitée qui comptait ce soir. Je prenais cet élément rapidemenf en note. On a malheureusement le don d'être beaucoup observé dans ces moments. Je me devais donc de faire particulièrement attention à mes gestes ainsi qu'à mes paroles ce soir. Le moindre faux pas serait mémorisé et ferait l'objet de nombreux commérages.

Le dîner se passa à merveille. Les plats étaient plus raffinés et goutus les uns que les autres. Pourtant le tout était d'un ennui mortel. Il n'y avait pas une connaissance ou un proche pour me distraire. Lorsque la maîtresse de maison nous invita, après le dessert, à nous diriger vers le petit salon tandis que les hommes allaient de leur côté au fumoir, je suivis avec joie le mouvement. Certaines dames se mirent rapidement à composer des équipes pour jouer aux cartes. On me convia mais je n'étais que peu friande de ces jeux. Je m'associais alors à un groupe de femmes qui discutaient. Outre les derniers potins, elles prenaient des nouvelles de leurs connaissances mutuelles. Les écouter me divertis jusqu'au retour de ces messieurs. Là, la maîtresse de maison me prit à son bras pour me présenter à quelques hommes qu'elle jugeait important (ou qui lui ont fait promettre de m'être présentés). Ce petit jeu nous occupa une bonne partie de la soirée et j'allais prendre congés lorsque soudain, la maîtresse de maison me délaissa vivement pour aller s'entretenir avec une autre dame, sa cousine je crois, me laissant ainsi seule alors que deux messieurs vinrent à ma rencontre. Loin d'apprécier ce genre d'embuscade, je pris tout de même le parti de faire bonne figure et de voir où tout cela allait me mener.

Le premier homme qui m'avait été présenté un peu plus tôt dans la soirée m'en présenta un autre du nom d'Ailean Kennedy, héritier du comte de Cassilis, qui s'inclina et me fit un baise-main.

- Tout le plaisir est pour moi. Cette soirée est fort plaisante en effet. Se trouve-t-elle à votre goût?

Ne pas faire de faux pas, c'était bien là l'envie de tous. Lors de ce genre d’événement mondain, bien sûr, mais pas  seulement. La vie parmi la Haute Société n'était pas des plus simples et plus votre niveau social était haut, plus vous deviez faire attention.

« Cela fait bien longtemps que je n'avais assisté à ce genre de réjouissances. Elles apportent leur lot de changement »

Changement bien heureux ou malheureux, je ne pouvais pour l'heure le dire. Je savais que mes parents, et ma famille en général me poussait à prendre femme et pour l'heure je n'avais jeté mon dévolu sur aucune d'entre elles. J'avais tellement tergiversé et voyagé pour l'éviter, mais je savais que comme tout autre homme bien né, je ne pourrais passer à côté de cette obligation sociétal. Je me demandais s'il en était de même pour la princesse qui venait de m'être présenté. Je n'en doutais que très peu, vu son importance dans la haute société, la pression devait être encore plus intense que pour moi. Le vivait-elle aussi mal que moi ou y aspirait-elle ? Ce n'était pas le genre de choses dont on débattait en public lorsque nous avions des rangs à tenir tels que les nôtres.

L'ami de mon père prit soudainement congé avec une piètre élégance et je regardais la princesse avec un air contrit. Je m'en voulais de tant de cavalerie de la part de l'homme qui venait de me présenter et j'avais peur qu'elle en prenne ombrage vis à vis de moi, et ce même si je n'y pouvais pas grand chose. Après tout, j'aurai sans doute dû refuser de le suivre en voyant comment la situation se présentait.

« Je suis vraiment désolé de vous avoir été présenté de manière si peu conventionnelle chère Princesse Riquet de Caraman-Chimay. Vous me voyez vraiment navré des circonstances. Acceptez-vous tout de même que nous restions en compagnie ? »