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Mari & Femme

Angélique d'OrléansMembre
Angélique d'Orléans

 
─ Messages : 99
─ Shillings : 1266
─ Avec nous depuis : 23/07/2021
─ Localisation : Burlington House, Londres
─ Emploi : Princesse française de sang
─ Titre : Son Altesse Royale, la Princesse Angélique Eléa de Bourbon d'Orléans, nièce du futur Roi Régent Louis-Philippe 1er de France
 
Cartes de visite
─ Réputation:
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Mari & Femme



Dans une salle légèrement en retrait de l'abbaye de Westminster qui accueillerait son mariage dans quelques minutes, Angélique se laissait préparer par la nuée de servantes qui s'affairaient autour d'elle. Si elle était habituée à toutes ces abeilles bourdonnant autour de leur reine, aujourd'hui plus que jamais la Princesse de France avait la sensation de n'être qu'une poupée dont on s'occupait. Les coiffeuses, habilleuses et autres petites mains souriaient et riaient même, heureuse de cette union princière et toutes appliquées à leurs tâches qui était considérée comme un véritable honneur et privilège.
Angélique les laissaient relever ses boucles et évaluer le meilleur tombé, farder ses joues, rosir ses lèvres, ajuster les plis de sa robe comme si elle était faite de porcelaine et non de chair et d'émotions.
Pourtant elles étaient là, si prêtes à craqueler son derme afin de sortir de la prison de son corps trop étroit pour elles... La Princesse faisait de son mieux afin de les étouffer. Elle avait pleuré chaque jour et chaque nuit qui avait précédé ce mariage mais aujourd'hui, elle se l'interdisait... Elle avait ravalé sa tristesse dès lors que le soleil avait commencé à colorer le ciel des reflets orangers de l'aube. Elle se devait de tenir au mieux le rôle qu'était le sien en ce jour qui se voulait festif. Elle se devait de tout ravaler et tout étouffer... Qu'importe la valse de sentiments qui poussaient derrière sa poitrine douloureuse. Elle demeurait immobile et digne face à ce triple miroir qui lui renvoyait son reflet.

- Princesse, si vous voulez bien... l'invita à se lever sa femme de chambre.

Angélique s'exécuta et rejoignit le centre de la pièce pour les derniers ajustements. On lui posa sa tiare sur la tête et on orna ses poignets de bracelets en diamants. Une couturière se courba à ses pieds et disposa le tombé de sa robe pendant qu'une autre installait sur ses épaules la lourde cape de velours rouge brodée de fleurs de lys en or symbolisant son appartenance à la Couronne de France.
Angélique effleura la soie de sa robe de ses doigts avec une sensation étrange au creux de son ventre. Elle s'était tant réjouie des préparatifs de son mariage ! Antoine avait supervisé le tout bien entendu, mais elle avait pu choisir sa toilette ainsi que ses bijoux. Elle avait eu son mot à dire quant aux fleurs qui décoreraient la chapelle où elle dirait "oui" ou même quant au bouquet qu'elle porterait.
Tout avait été décommandé... Dès lors qu'il avait été convenu que le Prince Wilhelm l'épouserait, Antoine d'Orléans avait donné des ordres immédiats à peine les portes de Burlington House passées. Angélique triturait encore son doigt dépouillé de sa bague de fiançailles que son père criait ses instructions à tous vas pour le mariage prochain. Il fallait à sa fille une robe bien plus somptueuse ! Des bijoux bien plus nobles !
Sa silhouette ne ressemblait en rien à ses choix initiaux qui étaient bien plus éthérés comparé à la profusion d'or, de soie et de velours qui la couvrait aujourd'hui mais elle devait reconnaître qu'elle n'avait jamais plus été à l'image de ses illustres ancêtres qu'aujourd'hui.

- Son Altesse Sérénissime le Prince d'Orléans !

Toute la pièce s'inclina, y compris Angélique lorsque son père fit son entrée. Il portait ses habits d’apparat et avait fière allure. Son torse arborait toutes ses distinctions royales autant que militaires. Antoine s'avança vers sa fille. Il tourna autour d'elle, inspectant le moindre détail de sa mise. Satisfait, il congédia les servantes qui les laissèrent seuls.

- Vous êtes très belle.

La Princesse releva un regard surpris sur son père qui était généralement avar de compliments et le remercia d'un petit sourire sans conviction. Il lui présenta son bras. Angélique inspira profondément et le prit, bien que ses doigts s'accrochèrent un peu plus fort que ce qu'il aurait fallu.
L'heure était venue... Antoine allait l'escorter jusqu'à l'autel où elle devrait avancer vers Wilhelm aux yeux de tous... Angélique se sentie engloutie par l'angoisse au premier pas qu'elle fit aux côtés de son père et se figea.

- Je... j'ai besoin d'une minute...

Antoine prit le bouquet de cascade de lys composé par la fleuriste - à défaut des pivoines et des roses qu'elle désirait... - et le lui confia sans cérémonie. La jeune femme referma ses doigts autour des tiges par reflex plus que par réelle conviction, comme une automate...
Elle était submergée... Le stress atteignait son paroxysme au point qu'Angélique ne parvenait plus à le maîtriser. Qu'importe combien elle respirait, qu'importe combien elle cherchait à se raisonner et à reprendre le dessus sur son corps pétrifié, son sang battait à ses tempes et son ventre était si noué qu'elle aurait pu en tomber à genoux. Tout devenait trop concret ! Trop réel !
Et inévitable...

- Je sais que ce n'est pas ce que vous vouliez, mais c'est pour le mieux. Vous faites votre devoir pour la France et la relégitimez sa position en scellant cette alliance avec la patrie ayant participé à coûter sa victoire à Napoléon.

La Princesse hocha la tête. De toute petite on lui avait enseigné que les mariages pour les personnes de son rang n'étaient pas une question de sentiments mais de politique. On l'y avait préparé depuis toujours et elle l'avait accepté sans broncher le moins du monde. Elle était princesse de France. Elle était privilégiée parmi les privilégiés et en tant que telle, elle avait certaines obligations qui lui incombait. Celle ci en faisait partie. Angélique appartenait à la Couronne et ainsi, elle se devait de la servir. Son mariage, devait la servir.
Elle ne s'était jamais défendue contre cela, mais voilà elle avait rencontré William. William qui lui avait offert la perspective de ce qu'elle n'avait jamais osé espérer ; un mariage d'amour et à quoi son père avait consenti. Forte de cette approbation, Angélique s'y était donc totalement abandonnée.

Ce qui se passait là était injuste, regrettable, déchirant, mais Antoine avait raison... Elle devait prendre sur elle et remplir son rôle... Elle devait oublier ce rêve désormais disparu à jamais et revenir vers ce pour quoi on l'avait préparée toute sa vie...

- A présent je vous demanderai de sourire et de vous montrer disposée à l'égard du prince Wilhelm. En toutes circonstances.
- Oui père...


Angélique suivit Antoine en s'efforçant de garder la tête haute et de retenir les larmes qui lui brûlaient les yeux alors qu'ils arrivaient "enfin" à l'entrée de l'abbaye. Lorsque l'orgue raisonna, elle sursauta et inspira profondément. Les rideaux s'ouvrirent et elle avança, un pas après l'autre. Elle sentait tous les regards sur elles mais elle s'obligea à ne pas y prêter attention. Même lorsqu'elle passa devant Louise, elle s'interdit le moindre échange de peur de s'effondrer.
La remonté de la nef lui parut interminable. Centre trois pas très exactement. Elle les compta dans le but de se concentrer sur quelque chose, n'importe quoi plutôt que sur cette réalité, ce futur, ce Prince qui malgré tout se rapprochaient bien trop rapidement d'elle...




 
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